Contributions de la bande dessinée aux terrains et théories des SHS. Soutenance de mémoire de master 2 par Hakchenda Khun 

Contributions de la bande dessinée aux terrains et théories des SHS. Soutenance de mémoire de master 2 par Hakchenda Khun

Hakchenda Khun soutiendra son mémoire de Master 2 intitulé Contributions de la bande dessinée aux terrains et théories des SHS, sous la direction de Frédéric Joulian, le 6 septembre de 14h à 16h à la Vieille Charité à Marseille.

L’autrice a réalisé son mémoire de master dans le sillage du séminaire Une autre façon de raconter et du projet Anthropographiques portés au sein de la Fabrique des écritures par Frédéric Joulian.

Présentation

Au sein de la BD franco-belge, depuis une trentaine d’années, de nouveaux objets éditoriaux voient le jour, utilisant le médium de la bande dessinée pour décrire des réalités sociales et historiques avec un regard neuf. La BD, après avoir été considérée comme un art mineur destiné à de jeunes publics, prétend désormais porter un regard sur le monde et de ce fait obtenir une reconnaissance sociale plus importante auprès d’un public adulte.

La BD peut-elle devenir une forme d’écriture alternative pour les SHS ? Est une des questions soulevée dans ce mémoire par Hakchenda Khun, autrice de bande dessinée qui aborde également la définition du pacte de lecture, les négociations avec la fiction, la tension entre la subjectivité de l’artiste et l’objectivité scientifique, les contraintes propres au médium, le manque d’espace, les ellipses et les raccourcis, la forme qui prime sur le discours, les lois de la narrativité, les lois du marché de l’édition, les contraintes économiques…

Retour d’expérience sur le séminaire “Une autre façon de raconter”, Telling Science Drawing Science, 16-17 mai 2019, Angoulême

L’anthropologue Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS) interviendra aux 2es rencontres Telling Science Drawing Science, (15-17 mai 2019, Angoulême) pour présenter le séminaire “Une autre façon de raconter“, qu’il coordonne pour la cinquième année consécutive.

“Cette communication relate l’expérience de rencontres menée depuis cinq ans à Marseille en partenariat avec l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM). Partant d’une réflexion sur la place du dessin et de la photo dans l’édition scientifique inspirée de l’ouvrage de John Berger et Jean Mohr Une autre façon de raconter (Maspéro 1981) nous avons interrogé et mis en débats différentes formes d’éditorialisations associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de la chaîne du travail scientifique.

Je restituerai ici les différents exercices de style et différentes façons d’objectiver le terrain pour un public étendu sur la base du pari tout à la fois simple et compliqué que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils doivent également pratiquer les nouvelles formes d’expressions dans lesquelles on vit – imagées et numériques – notamment. Par-delà la question de l’imagination artistique ou scientifique, nous avons interrogé la nature des matériaux (cursifs et discursifs) et les formes et objectivations les plus adéquates pour leur rendre justice, mais également, de concert avec les designers, photographes, les graphistes et les spécialistes du roman graphique et de la bande dessinée, les différentes formes de créations et façons d’écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences en fiction, documentaire, science ou art). Ces séminaires et ateliers collectifs ont autant permis de délinéer certains mécanismes d’intellection du social par la graphie que d’articuler cette dernière à l’écriture textuelle courante, et donc à imaginer, de façon pratique, de nouvelles compositions et intermédialités plus riches pour les sciences humaines et leurs usagers.

Pour le débat collectif avec la salle nous poserons les questions empiriques (du point de vue des enjeux d’expression, de financement, de temporalités, …) de comment faire travailler ensemble les chercheurs et graphistes ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l’enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats ?”

Frédéric Joulian

Illustration : Dessin réalisé lors du colloque “Telling Science – Drawing science”, 24-25 novembre 2016, Angoulême – © Morgane Parisi

Gestes, paroles et dessins – 2 (Séminaire “Raconter la geste”), 1er avril 2019

Cette dernière journée du séminaire Raconter la geste technique sera la plus exploratoire de l’année par son mélange original d’écritures variées, participatives, dessinées, situées, vivables, toutes à la recherche de nouvelles médiations par l’entremise de dispositifs low-tech et multimodaux. Nous tenterons de redescendre à certains éléments structurels de la communication et à tenter de recomposer ensemble de nouveaux instruments pour la recherche et l’action politique.

Programme

10h30–10h40
Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS)
Introduction

10h40–11h30
Juliette Nier (graphiste), Elisabetta Spaggiari (comédienne, marionnettiste)
« A propos de ce qui se passe – à propos » : retour sur une performance multimédiatique
Juliette Nier et Elisabetta Spaggiari ont travaillé en 2018 sur un projet de performance à la croisée de la didactique visuelle et du théâtre d’objets. « À propos de ce qui se passe » se veut une tentative d’écriture multimédia. Le premier épisode de ce média fictif et spéculatif, se divisait en 3 actes mettant en parallèle des questions d’écriture et de langage appliquées à des situations de géopolitique contemporaines. Elles reviendront sur ce premier épisode et nous découvriront la suite du projet.
Juliette Nier est graphiste, récemment diplômée de l’ENSAD, où elle a rencontré Elisabetta Spaggiari qui, après un diplôme en Arts visuels et du spectacle à l’IUA de Venise et deux ans de formation à l’école Jacques Lecoq, s’est formée au graphisme.

11h30–12h30
Caroline Darroux (ethnologue, Maison du patrimoine oral de Bourgogne)
Fabrique de rêves : donner parole – tenir parole – prendre parole
Caroline Darroux (ethnologue, directrice scientifique de la Maison du patrimoine oral de Bourgogne et chercheure associée au Centre Georges Chevrier, Univ. Bourgogne) co-construit en 2017-2018 avec le service technique du centre intercommunal d’action sociale de l’Autunois (71) et dix jeunes adultes vivant dans un quartier populaire un dispositif scientifique et culturel visant à ré-équilibrer localement «ce que parler veut dire»: une fabrique de rêves. L’artiste Benjamin Burtin, slameur- réalisateur lui apporte ses solutions techniques et son regard radical. Retour sur cette chaîne opératoire qui s’appuie sur le cheminement politique des militants pour les cultures populaires des années 1970 dans le Morvan et qui le continue, le régénère et le remet en politique dans un contexte où le local et le global se transcendent l’un l’autre. Cette expérimentation cherche à co-créer la matière de nos rêves, et trouver une concrétude commune à ceux qui sont en colère.

12h30–13h00
Discussion animée par Stéphanie Fonveille (Centre Norbert Elias/Aix Marseille Université)

14h00–15h00
Yoann Moreau (anthropologue, École des Mines)
Regarder, écouter, faire, exprimer, transmettre
Yoann Moreau, anthropologue, maitre-assistant au Centre de Recherches sur les Risques et les Crises (Mines ParisTech), est également dramaturge pour la Cie Jours tranquilles (Lausanne-CH). Ses recherches portent sur les catastrophes, sur les modes d’existence en situations extrêmes et sur les façons de déployer des connaissances et des savoir-faire de la déprise. Pour ce faire, ses travaux l’ont conduit à revisiter les cadres dramaturgiques (c’est-à-dire les manières d’agencer la variété des relations de causes à effets) en immersion avec le monde du théâtre, à explorer des formes de transmission et d’intelligences passant par la pratique du trait et de l’image, ou encore à déplacer le contexte de la narration ethnographique vers des formes plus spéculatives et fictionnelle. Au long de tout ces écarts, il cherche un accord avec l’expérience de terrain, une résonnance qui ne se réduit pas à l’information (de prétendus « faits ») et encore moins à l’affirmation péremptoire qui se souhaite indiscutable (du type 2+2=4).

15h00–16h00
Luca Merlini (architecte)
Modérateur : Cyril Isnart (anthropologue, IDEMEC)
Dits et dessins d’architecture
Il existe le dessin sport de glisse : trait coulé et fluide. Il existe aussi le dessin jeu d’échecs : stratégie de conquête de la feuille de papier. Ainsi que le dessin judo dans lequel chaque ligne en fait naître une autre pour ensuite mieux l’esquiver. Mais aussi plus populaire, le dessin pétanque : boum, boum, ricochets et grains de sable. Si pour le sport chacun choisit celui qu’il veut pratiquer, en ce qui concerne le dessin, il n’est pas certain que chacun choisisse son modus operandi. Quoi qu’il en soit, l’emprisonnement semble être le dénominateur commun entre sport et dessin ainsi que son possible aboutissement : il n’est pas inhabituel que traits ou geste en mouvement échappent à son propre auteur.
Né à Mendrisio (Suisse), est architecte diplômé de l’EPF de Zurich. Après avoir collaboré avec Bernard Tschumi à New York et Paris dont il est le chef de projet pour le Parc de la Villette, il ouvre en 1985 son atelier d’architecture à Lausanne et Paris. Souvent primé ou mentionné dans des concours pour des projets combatifs qui marquent un fort engagement théorique, il ne passe véritablement à la réalisation qu’une dizaine d’années plus tard, notamment à travers le projet Ponts-Villes (interface des transports publics au Flon à Lausanne). Comme si construire une démarche avait autant d’importance que construire un bâtiment… Ce passage volontairement obligé à travers concepts et méthodes lui a permis, par la suite, de travailler le projet dans toutes ses échelles, dimensionnelles et programmatiques. Il exerce aujourd’hui dans le cadre de Merlini-Rivier architectes à Lausanne. Depuis 2013, il est aussi Architecte-Conseil de l’État dans le département de Seine-St- Denis (93), territoire confronté à de profondes mutations. Professeur à l’ENSA-Paris-Malaquais et membre du laboratoire de recherche LIAT (laboratoire infrastructures, architecture, territoire).

16h00-17h00
Discussion animée par Aude Fanlo (responsable du département Recherche et enseignement, Mucem)


Lundi 1er avril 2019 10h30–17h30
La Vieille Charité, Cinéma Le Miroir, Marseille
Entrée gratuite sur inscription à i2mp@mucem.org

Illustration :  Dessin de Luca Merlini à la Villa Noailles – Photo : Frédéric Joulian

Séance du séminaire sur l’épistémologie des écritures, avec Sylvain Venayre, 21 mars 2019

Prochaine séance du séminaire “Les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales” le jeudi 21 mars de 14h00 à 16h00 2019, avec pour invité Sylvain Venayre, directeur de la collection “Histoire dessinée de la France” (La Découverte/La Revue Dessinée) dont il a co-signé le premier tome : La Balade nationale.

Marseille, La Vieille Charité, 2e étage, salle A
Ouvert aux étudiants de masters, aux doctorants, aux chercheurs et à toutes personnes intéressées par le sujet.

L’ouvrage est disponible au Centre de documentation en sciences sociales (La Vieille Charité, 1er étage) :
Sylvain Venayre, Étienne Davodeau (ill.), La balade nationale. Les origines, collection Histoire dessinée de la France, Paris : La Découverte/La Revue Dessinée, 2017. ISBN : 9791092530407.
Cote de rangement : 944 VEN

Masterclass avec Vergine Keaton, 14 mars 2019

Une masterclass avec l’artiste et réalisatrice Vergine Keaton le 14 mars, 14h00-17h00, au cinéma Le Miroir à la Vieille Charité, Marseille, dans le cadre de la Fête du court métrage 2019.

Après des études de graphisme et de cinéma, Vergine Keaton réalise en 2009 son premier court métrage d’animation Je criais contre la vie, ou pour elle. Le film, sélectionné dans une centaine de
festivals, dont Cannes, a reçu une dizaine de prix. Le Tigre de Tasmanie, son dernier opus, est sélectionné à la Berlinale 2018. Elle prépare actuellement une commande pour le Centre Pompidou-Metz, une adaptation animée de l’Enfer de Dante. Entre film d’animation et film expérimental, les films de Vergines Keaton se nourrissent d’images d’archives ou de références artistiques ou populaires.

Programme

14h00-15h30
La réalisatrice dévoilera les différents processus de son travail (techniques employées), les liens qu’elle entretien entre le film d’animation et le cinéma expérimental. Mais également et surtout, nous parlera de sa démarche artistique, lorsqu’elle « pioche » dans l’iconographie de la Renaissance ou des images d’archives et comment, elle joue sur la juxtaposition de ces images.
Des temps d’échanges ponctueront cette rencontre et permettront de questionner le réalisateur sur ses choix et enjeux artistiques et techniques.

15h45-17h00
Carte blanche à la réalisatrice avec la projection de trois courts métrages :
– Nous, documentaire expérimental de Artavaz Pelechian – 1969 – 25’
– Dell’ammazzare il maiale de Simone Massi – 2011 – 6,30’
– Impossible Figures II and Other Stories, de Marta Pajek – 2016 – 15’

La masterclass est proposée et animée par Cinémas du Sud & Tilt, en coproduction avec Baldanders films et La Fabrique des écritures (Centre Norbert Elias).

Cinéma Le Miroir – La Vieille Charité
2, rue de la Charité, 13002 Marseille
Tout public, Entrée gratuite.  Jauge limitée, réservation vivement conseillée par téléphone : 04 13 41 57 90 ou par email : karina.bianchi@cinetilt.org

Télécharger le programme de La Fête du court métrage Marseille Aix-en-Provence 2019
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Illustration : Le tigre de Tasmanie, France, 2018, 14’. Un tigre de Tasmanie tourne en vain dans l’enclos d’un zoo. Un glacier fond lentement. Face à sa disparition annoncée, la nature déploie sa fureur…

Figuraction : une équipe pluridisciplinaire “art science” en résidence à la Fondation Camargo

Le projet “Figuraction” est né d’une rencontre à la croisée de l’art, des sciences sociales et de l’aménagement entre Mathilde Christmann, paysagiste, Élise Olmedo (Centre Norbert Elias), géographe, Amandine Maria, performeuse et Mathias Poisson, plasticien coloriste. Naviguant dans les univers de la cartographie sensible et de la partition de danse, le groupe explore les outils de la pratique et la figuration des espaces. Avec la marche comme condition d’expérience partagée, et des cartes-partitions comme dispositif de recherche, il s’agit d’expérimenter le processus qui conduit à transformer un événement du sensible en trace écrite. Résidence à la Fondation Camargo du 7 janvier au 4 février 2019, en partenariat avec le LabexMed.

Plus d’informations

Illustration : Une Promenade Blanche à Istanbul, 5 avril 2013 © Mathias Poisson

Genre et maladie mentale : une exposition de Gaia Manetti

Genre et expériences de la psychiatrie à l’ancien hôpital de Rome au tournant du 20e siècle : un projet de recherche de Gaia Manetti sur les archives médicales de l’hôpital Santa Maria della Pietà de Rome, illustré par Marco Brancato.

A travers les parcours singuliers de personnes internées, l’exposition aborde la dimension genrée de la pensée psychiatrique à la fin la fin du 19e et au début du 20e siècle.
Les témoignages des patients, de leur entourage et les récits « construits » par les psychiatres dans les dossiers médicaux, sont restitués sous forme de dessins. Gaia Manetti a réalisé ce travail en collaboration avec un dessinateur en 2017-2018, au cours d’un stage à la Fabrique des écritures. Elle y expérimente une narration de ses recherches menées pendant un double master franco-italien en histoire, anthropologie et sociologie (EHESS Marseille et Université La Sapienza à Rome).

De la recherche.. à l’expo

Après avoir recueilli pendant plusieurs mois, beaucoup d’histoires dans les archives de l’ancien hôpital psychiatrique Santa Maria della Pietà de Rome, je me suis un jour retrouvée assise devant mon bureau avec une pile de fiches remplies de données que je devais commencer à analyser. En réfléchissant à la structure des dossiers médicaux, j’ai compris que les textes que j’avais entre les main étaient déjà « narratifs », – les narrateurs étant les psychiatres de l’hôpital –, et que je souhaitais moi aussi les restituer de manière narrative.

J’ai décidé d’écrire de brefs récits en faisant ressortir la représentativité de chaque histoire, la relation entre la personne et son contexte, tout en évitant d’envisager cette conceptualisation comme un processus d’homologation d’un champion statistique. En ce sens, les histoires révèlent des constantes (culturelles) et des variations (subjectives) des chemins des « mères dénaturées » et des « hommes impulsives ». Ensuite, au cours d’un stage à la Fabrique des écritures – j’ai eu l’idée d’enrichir ce projet de valorisation de matériaux d’archive en expérimentant de nouvelles formes écritures qui ne se limitent pas au texte. D’où le choix d’une collaboration avec le dessinateur Marco Brancato. En partant des histoires que j’ai écrites, nous avons décidé de mixer deux typologies d’écriture visuelle : le dessin et la cartographie narrative.

Les « cartographies narratives » font partie d’une nouvelle typologie de cartographies alternatives, conçues par un groupe de géographes et d’urbanistes ces dernières années. Ils ont emprunté l’idée de Deligny et Deleuze à propos de la nécessité de penser l’espace (et donc les cartes) à partir de l’expérience singulière et émotive de chaque individu. Ici, la seule différence est que ces cartes ne partent pas d’une expérience – comme celles de Deligny et Deleuze –, mais d’un récit oral ou d’un témoignage écrit. Pour cette exposition, nous avons repris de la forme de la cartographie narrative, l’attention à l’espace individuel/émotif ainsi que la capacité normative de l’espace sociale et hospitalier. La partie dessinée, quant à elle, nous a permis de représenter le vécu des patients et de donner forme à leurs hallucinations.

L’exposition présente trois histoires de « mères dénaturées » et trois de « hommes impulsifs ». Pour chacune d’entre elles, deux panneaux, le premier représentant la vie du patient avant l’internement, le second retraçant l’expérience de l’hospitalisation à Santa Maria della Pietà. Le premier panneau a été réalisé à l’appui de témoignages des parents du patient, de voisins, d’un prête et du patient même. Ces témoignages, présents dossier médical, étaient rassemblés par la gendarmerie et les médecins dans le but de comprendre la cause de la maladie et  justifier l’internement. Le deuxième panneau a été réalisé à travers les notes des psychiatres de l’hôpital versées dans le dossier médical à chaque étape du parcours du patient dedans l’asile dans la salle d’observation, les différents services ou la morgue.

Le travail de recherche à l’origine de l’exposition

Le principe de différenciation entre les sexes constitue un élément incontournable de la pensée psychiatrique affectant ainsi à la fois ses constructions théoriques, ses représentations et de ce fait ses pratiques cliniques. Un nombre très significatif de troubles sont envisagés comme étant genrés : certaines pathologies sont ainsi fréquemment présentées en termes de prévalence de l’un des deux sexes. Ainsi les troubles alimentaires, l’anxiété, la dépression, tout comme dans les troubles liés aux dysfonctions sexuelles, seraient des maladies typiques du sexe féminin, tandis que le suicide et les crises de violence seraient des souffrances psychiques à caractérisation principalement masculine. Aujourd’hui, bien que toujours présente, l’existence d’une dimension genrée des maladies mentales fait l’objet de discussions et d’opinions discordantes au sein du champs scientifique. Mais à la période considérée dans la recherche, au tournant du 20e siècle, elle avait pour les médecins et les psychiatres un tel caractère d’évidence qu’elle n’avait même pas besoin d’être remise en question.

Dans ce cadre général, la recherche qui a inspiré cette exposition, a analysé de quelle manière la différentiation entre les sexes a eu une influence dans la « construction » de maladies mentales typiquement féminines et masculines, et à l’inverse, dans quelle mesure cette « classification » a fonctionné comme un « dispositif de subjectivation » en contribuant à réguler les identités et les rôles de genre. La recherche s’est focalisée sur le nœud entre psychiatrie et biopouvoir à travers l’analyse de l’évolution des discours sur la maternité « naturelle » des femmes et sur l’impulsivité « normale » des hommes et sur deux pathologies différentes étroitement connectées avec ces thématiques : la folie puerpérale (ou dépression post–partum) et la paralysie progressive (dégénération neurologique de la syphilis). Ensuite, mon intérêt pour les formes créatives de l’écriture scientifique, – mûri pendant la période de stage auprès de la Fabrique des écritures –, a donné naissance à la collaboration artistique avec Marco Brancato et à cette exposition.

Gaia Manetti

Du 24 septembre au 21 décembre 2018
Vernissage le 5 novembre 20118
Centre de documentation en sciences sociales, 1er étage
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, Marseille
Du lundi au vendredi de 10h00 à 18h00
Entrée libre.

Une proposition du Centre Norbert Elias et de la Fabrique des écritures

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Une autre façon de raconter IV… en bande dessinée, 14-15 juin 2018

Un séminaire coordonné par Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS) et Marie-Charlotte Calafat (Mucem).

Ces deux journées prolongent la réflexion entamée depuis 2013 sur la place du dessin et de la photo dans l’édition scientifique. Reprenant le titre du livre inspirant de John Berger et Jean Mohr « Une autre façon de raconter » (Maspéro, 1981) nous interrogeons et mettons en pratique différentes formes d’éditorialisations associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de la chaîne du travail scientifique. A l’occasion de cette quatrième rencontre nous nous essayons à différents exercices de style et à différentes façons d’objectiver le terrain avec pour objectif d’être accessible à un public étendu. Nous faisons ici le pari tout à la fois simple et compliqué que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils peuvent également expérimenter les nouvelles formes d’expressions dans lesquelles nous vivons imagées et numériques. Par-delà la question de l’imagination artistique ou scientifique, nous tenterons d’interroger la nature des matériaux (cursifs et discursifs) et les formes et objectivations les plus adéquates pour leur rendre justice, mais également, de concert avec les designers, photographes, les graphistes et les spécialistes du roman graphique et de la bande dessinée, d’explorer les différentes formes de créations et façons d’écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences en fiction, documentaire, science ou art). Les objectifs de ce séminaire visent autant à délinéer certains mécanismes d’intellection du social par la graphie que d’arti culer cette dernière à l’écriture textuelle courante, et donc à imaginer – de façon pratique – de nouvelles compositions et intermédialités plus riches pour les sciences humaines et leurs usagers. Nous poserons les questions concrètes de comment travailler et fabriquer ensemble ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l’enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats.

14 juin 2018

Modération : Marie-Charlotte Calafat (MUCEM)

9h30 — 9h45
Ouverture du Workshop
Denis Chevallier (MUCEM)

9h45 — 10h45
Bande-dessinée et sciences humaines, une autre façon de composer
Frédéric Joulian (CNE, EHESS)

10h45 — 11h45
Dessiner de mémoire les « Amis » qui dansent
Patrick Pérez (Ec Nat Sup d’Archi et LISST, Toulouse)

11h45 — 12h45
Luca Merlini : scénarios d’architecture. Quand les dessins et les mots se complètent
Florence Sarano (Architecte, Ec. Nat. Sup. Archi. Marseille)

14h00 — 15h00
Matériographies anthropologiques : matières, techniques, sensibilités
Annabel Vallard (Anthropologue, CASE, Paris)
15h00 — 16h00
La bande dessinée à l’épreuve du terrain impliqué : connivences amazoniennes
Laure Garancher (Expert santé, scénariste, dessinatrice, OMS, the InkLink)
16h00-17h00

Nouvelles de la narratosphère

Thierry Smolderen (Ec. Europ. Sup. Image), Jean-Philippe Bramanti
(dessinateur BD)
17h00 — 17h30
Discussion générale
Et présentation de l’ouvrage 7 Routes Mythiques chez Armand-Colin (direction Alain Musset) par
Eric Wittersheim (anthropologue à EHESS)

15 juin 2018

Modération : Frédéric Joulian, Marie-Charlotte Calafat

9h30 — 10h30
Le Roman-Photo écrit ou exposé : « making of » et retours d’expériences
Marie-Charlotte Calafat (adj. dept. des collections, MUCEM) Amélie Laval (Photo-romancière)

10h30 — 11h30
Aurélia au pays des « Lapiens » : de l’autobiographie à « l’observation dessinante »
Aurélia Aurita (Scénariste et dessinatrice BD)

11h30 — 12h30
Représentations visuelles et narratives de l’Histoire en bande dessinée : une mise en fiction du réel
Jean Dytar (Dessinateur BD)

13h30 — 14h30
La chaîne opératoire illustrée : l’exemple de la maquette de la Monaque à Salon de Provence
Justine Faure (Architecte)

14h30 — 15h30
La création à l’œuvre. Expérimentation éditoriale sur une exposition de design graphique
Francesca Cozzolino (Anthropologue, EnsadLab)

16h30 — 17h30
Comment mettre ensemble : texte, photo, dessins… sciences et fictions ?
Morgane Aubert (Designer), Simon Roussin (Scénariste et dessinateur BD)

17h30 — 18h00
Discussion générale
Avec Boris Pétric (Anthropologue, directeur du CNE)


Salles de réunion et de conférences de l’I2MP
Entrée libre sur inscription à i2mp@mucem.org

Télécharger le programme complet (pdf)

Îles au crayon. Expériences dans les îles du Frioul

Une exposition de dessins présentée du 26 mars au 6 avril 2018 par Amandine Maria, Mathilde Szydywar-Callies et Elise Olmedo au Centre de documentation en sciences sociales à la Vieille Charité, Marseille.

L’exposition « Îles au crayon » a été réalisée dans le cadre de la journée de recherches « Décrire le paysage de l’île » s’inscrivant dans le cycle préparatoire de l’exposition « Le Temps de l’île » prévue au Mucem en 2019 sous le commissariat de Jean-Marc Besse (philosophe, UMR 8504 Géographie-cités, équipe EHGO) et Guillaume Monsaingeon (philosophe, chercheur indépendant).

Au sein de ce processus d’élaboration de l’exposition, cette journée d’écriture est un temps fort qui fait suite aux séances collectives de travail ayant lieu au Mucem depuis le printemps 2017. Cette mise en exposition de l’île se fait en débat avec des chercheurs sciences humaines et sociales, des artistes, des paysagistes, des scénographes et des personnes travaillant dans les musées. Régulièrement mobilisée à l’occasion des expositions du Mucem, cette manière de faire rencontre également de façon centrale la réflexion lancée par le Centre Norbert Elias sur les nouvelles écritures scientifiques.

Continuer la lecture de « Îles au crayon. Expériences dans les îles du Frioul »

Masterclass avec Gabriel Harel, 15 mars 2018

Masterclass avec le dessinateur et réalisateur de film d’animation Gabriel Harel, le 15 mars 2018, 14h00-17h00, au cinéma Le Miroir, la Vieille Charité, Marseille.

14h00-15h30

Gabriel Harel commentera la genèse et le cheminement créatif de son film Yul et le serpent, réalisé en 2015 et primé dans de nombreux festivals internationaux. Il évoquera également une étape de réalisation de son court métrage en fabrication, La nuit des sacs plastiques, qui sortira en 2018.

15h45 à 17h00

Sélection de courts métrages qui rejoignent la démarche du réalisateur, entre prise de vue réelle et animation : La sole entre le ciel et le sable d’Angèle Chiodo, Jeux pluriels de Nicolaî Troshinsky et Le voyageur noir de Pepe Danquart, notamment. Des temps d’échanges ponctueront cette rencontre et permettront de questionner le réalisateur sur ses choix et enjeux artistiques et techniques.

Gabriel Harel est auteur/réalisateur.  C’est avec quelques films amateurs et une petite expérience de tournage qu’il entre à l’école de La Poudrière de Valence où il réalise son film de fin d’étude, L’eau à la bouche (2009). Il travaille pour la série TV Michel produite par le Studio Folimage, tant à l’écriture qu’au design et à la création des personnages. Yùl et le serpent (2015) est son premier court métrage professionnel, qui reçoit une quinzaine de prix dans de nombreux festivals. Il travaille actuellement à la réalisation de son second film.

Entrée libre
Jauge limitée, réservation vivement conseillée en écrivant à contact@cinetilt.org
Cet événement, programmé dans le cadre de La Fête du court métrage, est proposé et animé par Tilt, en partenariat La Fabrique des écritures (Centre Norbert Elias) et Des Courts l’après-midi.