

Un nouveau séminaire est ouvert en 2022-2023 par Véronique Bénéï, directrice de recherche CNRS (CNE) et directrice adjointe de la Fabrique des écritures dans le cadre du Centre Norbert Elias.
Intitulé Corps vivants et création : communication, performance, expérimentations ethnographiques, ce séminaire portera la focale sur les corps vivants dans leur rapport à la création qui émerge de leur rencontre. Il invitera à l’expérimentation de méthodes mobilisant des dispositifs incarnés et sensibles, artistiques et créatifs, pour réfléchir sur, et produire de la recherche en sciences sociales et humaines. Le rapprochement entre arts, création, performance, expérimentation ethnographique et anthropologie répond à la fois à une dynamique de questionnement au sein du champ scientifique, en particulier sur la place centrale de l’enquête, et à une volonté d’explorer d’autres régimes de narration, d’énonciation et de participation dans les sciences sociales.
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales
Mots-clés
Anthropologie, Anthropologie culturelle, Anthropologie sociale, Anthropologie urbaine, Anthropologie visuelle, Biologie et société, Communication, Corps, Danse, Ethnographie, Humanités numériques, Innovation, Méthodes et techniques des sciences sociales
Intervenants
Toutes les informations sont disponibles sur : https://enseignements.ehess.fr/2022-2023/ue/917
Photo : corinne glaziou (CC BY-ND 2.0)
L’exposition Corps, matières, gestes. Métiers à Marseille est issue de l’atelier photographique et du séminaire “Observer, décrire, interpréter. Photographie, cinéma et sciences sociales”. Coordonné par Marco Barbon et Franco Zecchin, l’atelier approfondit l’expérience de la photographie et ses usages dans les sciences sociales, avec l’objectif d’expérimenter la photographie comme source de connaissance, outil d’enquête et de narration. La thématique choisie cette année a incité les participants à aller à la recherche de métiers artisanaux et à les observer à partir des gestes qui les caractérisent. Les femmes et les hommes qui apparaissent dans ces images montrent leurs tours de main et leur capacité à transformer ce qui à priori semble “naturel”, des matières et des corps.
L’exposition a été réalisée dans le cadre du master (mention ” Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie “) et de la formation doctorale en sciences sociales de l’EHESS à Marseille, de la Fabrique des écritures du Centre Norbert Elias et du Festival des sciences sociales “Allez savoir”.
Les photographes
Aurélien Billaut, Laura Botella, Mohamed Elnour, Brigitte Juanas, Guilherme Rodrigues, Olivia Rolin, Aurélie Rondreux et Blandine Salla.
Les commissaires
Marco Barbon et Franco Zecchin
—
Marseille, La Vieille Charité, du 25 juin au 15 octobre 2019, coursives du 1er étage, 2 rue de la Charité, 13002 Marseille. Entrée libre.
—
Image : Blandine Salla
Cette dernière journée du séminaire Raconter la geste technique sera la plus exploratoire de l’année par son mélange original d’écritures variées, participatives, dessinées, situées, vivables, toutes à la recherche de nouvelles médiations par l’entremise de dispositifs low-tech et multimodaux. Nous tenterons de redescendre à certains éléments structurels de la communication et à tenter de recomposer ensemble de nouveaux instruments pour la recherche et l’action politique.
10h30–10h40
Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS)
Introduction
10h40–11h30
Juliette Nier (graphiste), Elisabetta Spaggiari (comédienne, marionnettiste)
« A propos de ce qui se passe – à propos » : retour sur une performance multimédiatique
Juliette Nier et Elisabetta Spaggiari ont travaillé en 2018 sur un projet de performance à la croisée de la didactique visuelle et du théâtre d’objets. « À propos de ce qui se passe » se veut une tentative d’écriture multimédia. Le premier épisode de ce média fictif et spéculatif, se divisait en 3 actes mettant en parallèle des questions d’écriture et de langage appliquées à des situations de géopolitique contemporaines. Elles reviendront sur ce premier épisode et nous découvriront la suite du projet.
Juliette Nier est graphiste, récemment diplômée de l’ENSAD, où elle a rencontré Elisabetta Spaggiari qui, après un diplôme en Arts visuels et du spectacle à l’IUA de Venise et deux ans de formation à l’école Jacques Lecoq, s’est formée au graphisme.
11h30–12h30
Caroline Darroux (ethnologue, Maison du patrimoine oral de Bourgogne)
Fabrique de rêves : donner parole – tenir parole – prendre parole
Caroline Darroux (ethnologue, directrice scientifique de la Maison du patrimoine oral de Bourgogne et chercheure associée au Centre Georges Chevrier, Univ. Bourgogne) co-construit en 2017-2018 avec le service technique du centre intercommunal d’action sociale de l’Autunois (71) et dix jeunes adultes vivant dans un quartier populaire un dispositif scientifique et culturel visant à ré-équilibrer localement «ce que parler veut dire»: une fabrique de rêves. L’artiste Benjamin Burtin, slameur- réalisateur lui apporte ses solutions techniques et son regard radical. Retour sur cette chaîne opératoire qui s’appuie sur le cheminement politique des militants pour les cultures populaires des années 1970 dans le Morvan et qui le continue, le régénère et le remet en politique dans un contexte où le local et le global se transcendent l’un l’autre. Cette expérimentation cherche à co-créer la matière de nos rêves, et trouver une concrétude commune à ceux qui sont en colère.
12h30–13h00
Discussion animée par Stéphanie Fonveille (Centre Norbert Elias/Aix Marseille Université)
14h00–15h00
Yoann Moreau (anthropologue, École des Mines)
Regarder, écouter, faire, exprimer, transmettre
Yoann Moreau, anthropologue, maitre-assistant au Centre de Recherches sur les Risques et les Crises (Mines ParisTech), est également dramaturge pour la Cie Jours tranquilles (Lausanne-CH). Ses recherches portent sur les catastrophes, sur les modes d’existence en situations extrêmes et sur les façons de déployer des connaissances et des savoir-faire de la déprise. Pour ce faire, ses travaux l’ont conduit à revisiter les cadres dramaturgiques (c’est-à-dire les manières d’agencer la variété des relations de causes à effets) en immersion avec le monde du théâtre, à explorer des formes de transmission et d’intelligences passant par la pratique du trait et de l’image, ou encore à déplacer le contexte de la narration ethnographique vers des formes plus spéculatives et fictionnelle. Au long de tout ces écarts, il cherche un accord avec l’expérience de terrain, une résonnance qui ne se réduit pas à l’information (de prétendus « faits ») et encore moins à l’affirmation péremptoire qui se souhaite indiscutable (du type 2+2=4).
15h00–16h00
Luca Merlini (architecte)
Modérateur : Cyril Isnart (anthropologue, IDEMEC)
Dits et dessins d’architecture
Il existe le dessin sport de glisse : trait coulé et fluide. Il existe aussi le dessin jeu d’échecs : stratégie de conquête de la feuille de papier. Ainsi que le dessin judo dans lequel chaque ligne en fait naître une autre pour ensuite mieux l’esquiver. Mais aussi plus populaire, le dessin pétanque : boum, boum, ricochets et grains de sable. Si pour le sport chacun choisit celui qu’il veut pratiquer, en ce qui concerne le dessin, il n’est pas certain que chacun choisisse son modus operandi. Quoi qu’il en soit, l’emprisonnement semble être le dénominateur commun entre sport et dessin ainsi que son possible aboutissement : il n’est pas inhabituel que traits ou geste en mouvement échappent à son propre auteur.
Né à Mendrisio (Suisse), est architecte diplômé de l’EPF de Zurich. Après avoir collaboré avec Bernard Tschumi à New York et Paris dont il est le chef de projet pour le Parc de la Villette, il ouvre en 1985 son atelier d’architecture à Lausanne et Paris. Souvent primé ou mentionné dans des concours pour des projets combatifs qui marquent un fort engagement théorique, il ne passe véritablement à la réalisation qu’une dizaine d’années plus tard, notamment à travers le projet Ponts-Villes (interface des transports publics au Flon à Lausanne). Comme si construire une démarche avait autant d’importance que construire un bâtiment… Ce passage volontairement obligé à travers concepts et méthodes lui a permis, par la suite, de travailler le projet dans toutes ses échelles, dimensionnelles et programmatiques. Il exerce aujourd’hui dans le cadre de Merlini-Rivier architectes à Lausanne. Depuis 2013, il est aussi Architecte-Conseil de l’État dans le département de Seine-St- Denis (93), territoire confronté à de profondes mutations. Professeur à l’ENSA-Paris-Malaquais et membre du laboratoire de recherche LIAT (laboratoire infrastructures, architecture, territoire).
16h00-17h00
Discussion animée par Aude Fanlo (responsable du département Recherche et enseignement, Mucem)
—
Lundi 1er avril 2019 10h30–17h30
La Vieille Charité, Cinéma Le Miroir, Marseille
Entrée gratuite sur inscription à i2mp@mucem.org
—
Illustration : Dessin de Luca Merlini à la Villa Noailles – Photo : Frédéric Joulian
Prochaine séance du séminaire “Les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales” le jeudi 21 mars de 14h00 à 16h00 2019, avec pour invité Sylvain Venayre, directeur de la collection “Histoire dessinée de la France” (La Découverte/La Revue Dessinée) dont il a co-signé le premier tome : La Balade nationale.
Marseille, La Vieille Charité, 2e étage, salle A
Ouvert aux étudiants de masters, aux doctorants, aux chercheurs et à toutes personnes intéressées par le sujet.
—
L’ouvrage est disponible au Centre de documentation en sciences sociales (La Vieille Charité, 1er étage) :
Sylvain Venayre, Étienne Davodeau (ill.), La balade nationale. Les origines, collection Histoire dessinée de la France, Paris : La Découverte/La Revue Dessinée, 2017. ISBN : 9791092530407.
Cote de rangement : 944 VEN
Nouvelle séance du séminaire “Raconter la geste technique” !
Lors de cette journée bipolarisée sur les savoirs constructifs et leur mise en récit nous explorerons la question des savoirs informels, des matériaux, des gestes, des bricolages, des « actions de peu », confrontée aux enjeux mondialisés des crises écologiques et socio-politiques. Comment l’ethnologue, l’architecte et le dessinateur peuvent-ils agir de concert et offrir de nouvelles matières à recherche-action.
–
– 10h30–10h40
Introduction par Frédéric Joulian (CNE/EHESS)
– 10h40–11h20
Florence Sarano (Architecte, ENSA.M)
Techniques vernaculaires et recyclage : l’exemple de l’école de Makoko, une architecture pour l’avenir d’une communauté face à la montée des eaux
Le projet pour une école de l’architecte Kunley Adeyami, ouvre de nombreuses pistes face aux enjeux de la montée des eaux pour les communautés lacustres, pauvres et rejetées. De plus, le choix des techniques constructives, mais aussi l’association des matériaux et des savoir-faire interroge nos stratégies face à l’exploitation des ressources. Ce projet et son histoire singulière démontre que seule une vision systémiques des jeux soutenables peut permettre d’apporter des solutions pertinentes et performantes. Il soulève aussi la question de la montée des eaux dans des territoires qui n’ont pas de tradition architecturale lacustre.
Florence Sarano est architecte et maitre assistante titulaire à l’école nationale supérieure d’architecture de Marseille où elle est Co-Directrice du Domaine d’études « soutenabilité et hospitalité».
– 11h20–12h10
Maelle Calandra (Post-doct EPHE, CREDO)
Maisons et Cyclones : Réflexions sur les enjeux de la reconstruction dans un contexte de postcatastrophe
À Tongoa, au Vanuatu, à l’issue du cyclone Pam, un événement de catégorie 5/5, de nombreuses ONG se sont succédé pour participer à la reconstruction des villages affectés par la catastrophe. Si
dans un premier temps, l’aide fut appréciée par la population, elle suscita rapidement de vives réactions : les maisons vernaculaires venaient d’être remplacées par des maisons en tôles ondulées et en parpaings de ciment. Cette présentation reviendra sur le caractère paradoxal et inhérent à l’aide humanitaire, mais aussi sur la place de l’ethnographe en situation de post-catastrophe.
Postdoctorante en anthropologie EPHE/PSL sous contrat Labex corail, affiliée au CREDO (UMR 7308) et détachée au CRIOBE (USR 3278) à Mo’orea (Polynésie française). Ses recherches portent sur les sociétés du Pacifique Sud et particulièrement sur le Vanuatu rural. Son travail se situe à la croisée théorique de l’anthropologie de la nature et de l’anthropologie des catastrophes. Elle s’intéresse notamment à la notion de catastrophe et à la façon dont celle-ci est corrélée aux relations que les habitants tissent avec leur environnement.
– 12h10–12h40
Misa Hirano (The Center for African Area Studies, Kyoto University)
L’informel au coeur des sociétés : exemples camerounais
It is estimated that 90% of working Cameroonians are included in the informal sector. We can say the informality exists in the heart of society. From 1997 to 1998, I interviewed 120 informal sector
workers in Yaoundé about their careers and life histories. In 2017, 20 years later, I contacted and interviewed them again. I will be discussing how they have managed to cope with the uncertainties of the past two decades especially focusing on their homes.
Misa Hirano-Nomoto is a cultural anthropologist and an associate professor at the Center for African Area Studies at Kyoto University. She obtained her Ph.D. from the Graduate School for Advanced Studies in Japan. Her research interests include money, « tontines », the informal sector, gift exchange, and mutual aids. She conducted fieldwork in Cameroon and Okinawa, Japan. Her publications include “The ethnography of an African city: Money and homeland of Bamiléké, the commercial people of Cameroon”.
– 12h40–13h00
Discussion animée par Denis Chevallier (MUCEM)
– 14h00–15h00
Jules Stromboni (Illustrateur)
Narration et geste graphiques, des outils au service de la sensation
Mon approche de la bande dessinée se fait par le biais de la sensation. Si je change de technique à chaque histoire que je raconte, ce n’est pas pour montrer mon savoir faire mais parce que j’utilise la technique graphique comme moyen de narration à part entière. Comment raconter au mieux cette histoire ? Utiliser un feutre, de l’argile ou un clou ? Choisir une technique implique une lecture
d’emblée immersive et sensible et ce choix est ma priorité sur les outils narratifs dont je dispose pour construire une bande dessinée (bulles, mise en page, séquentialité, …). En m’appuyant sur quelques ouvrages que j’ai publié et d’autres travaux plus expérimentaux, je propose de vous faire part de ma pratique de dessinateur et plus largement d’interroger les liens qui existent entre observation, geste et création.
Jules Stromboni a suivi deux ans de formation à l’école des Gobelins en animation puis commencé à s’investir dans ce secteur pour des projets de série ou de clips avec Joann Sfar, Babette Cole ou Winschluss, et deux longs métrages : Persépolis de Marjane Satrapi et Avril et le monde truqué de Tardi et Legrand. Parallèlement, il publia des bandes dessinées : avec Olivier Cotte : Le futuriste (2008, Casterman), L’ultime défi de Sherlock Holmes (2011, Casterman/Rivages noir), L’épouvantail (2012, Casterman/Rivages noir), une participation à la série Les Autres gens avec Thomas Cadène, Isadora Duncan avec Josepha Mougenot (2013, naïve), Un Fanzine Carré (collectif Hécatombe). En 2017, il publie son premier roman graphique Mazzeru (Casterman) qui le fait reconnaître comme auteur et il démarre une tournée de concerts dessinés avec le groupe Tangomotàn. Il travaille en ce moment sur un imposant projet de bande dessinée : Shakespeare World (parution septembre 2019).
– 15h00–16h00
Claire Fau (paysagiste, dessinatrice)
Dessin et photographie, deux langages pour raconter le paysage
Claire Fau est paysagiste et co-rédactrice en chef de la revue Paysageur (revue qui raconte le paysage via la photographie, dessin, littérature, anthropologie, etc). La projection de ses projets de jardins prend d’abord forme avec le dessin. C’est son premier outil de communication pour échanger avec ses interlocuteurs. Elle fait également appel au dessin dans la revue, par le biais d’artistes et illustrateurs, pour raconter le paysage, raconter les mythes, apporter une autre proposition que celles des mots seuls.
– 16h00–16h30
Discussion générale animée par Aude Fanlo (MUCEM)
—
Illustration : © Claire Fau
A l’occasion de la parution de trois ouvrages importants, nous reviendrons sur l’histoire continue et cumulative,… ou agitée et refoulée, des recherches et savoirs en culture matérielle.
Une histoire des civilisations, (Demoule, Garcia & Schnapp, La Découverte, 2018),
Gestes techniques. Techniques du geste, (Bouillon et al, PUS, 2017),
“Matérialiser les désirs. Techniques votives” (Techniques&Culture n° 71, Dittmar et al. 2018).
3e séance du séminaire « Une autre façon de raconter… la geste technique »
11h00-17h30, La Vieille Charité, Marseille
Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat (MUCEM), Denis Chevallier (MUCEM), Aude Fanlo (MUCEM)
–
Jean-Paul Demoule et Alain Schnapp (Paris I)
Du séminaire « culture matérielle » à la Sorbonne, dans les années 1980 à « l’histoire des
civilisations »
Gersende Piernas (Archives Nationales du Monde du Travail)
L’archiviste face au geste technique : entre héritage et nouveauté ?
Pierre-Olivier Dittmar (EHESS)
“Comment matérialiser un désir ?” A propos du dernier numéro de Techniques&Culture
Si la question du corps ou celle de la culture ne cessent d’occuper le devant de la scène médiatique ou scientifique, celle des savoir-faire ou des gestes, ou plus précisément des « techniques du corps », lancée il y a 80 ans par Marcel Mauss et ses successeurs, n’ont su réellement s’imposer face au poids des objets et de leurs représentations. Elles nous semblent toutefois cruciales pour rouvrir le dialogue entre recherche, conservation, exposition et public et donner un sens plus juste et accompli à la « culture » matérielle.
2e séance du séminaire “Une autre façon de raconter… la geste technique”
11h00-17h30, MUCEM, salle Meltem, Marseille
Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat (MUCEM), Denis Chevallier (MUCEM), Aude Fanlo (MUCEM)
–
Marie-Charlotte Calafat (MUCEM)
Autour de l’exposition du Mucem « Georges Henri Rivière. Voir, c’est comprendre »
Eric Triquet (Centre Norbert Elias/Université d’Avignon)
Écritures de médiation dans l’exposition : paroles de visiteurs et éclairages théoriques
Dans le cadre du séminaire de muséologie du Master « Médiations, musées, patrimoines » de l’université d’Avignon, il est proposé aux étudiants de s’emparer de l’exposition du Mucem « Georges Henri Rivière. Voir, c’est comprendre » pour mener un travail d’expertise sur la médiation mise en œuvre. Celle-ci porte sur la signalétique, le parcours thématique et les vitrines. Elle intègre une étude de réception (qualitative) menée à la sortie de l’exposition auprès des premiers visiteurs. Cette présentation propose un retour d’expérience à chaud sur ce travail mené en collaboration étroite avec les concepteurs. Elle ouvrira sur des perspectives plus théoriques concernant les écritures de l’exposition et la notion de « langue de l’exposition ».
Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS)
Le projet « Anthropographique » : exposé des enjeux scientifiques et éditoriaux
Michèle Ballinger (CNRS Nanterre)
Comprendre l’objet, restituer le geste, en dessin ?
Lorsqu’il est empreint de fidélité, de preuve et de codification, le dessin scientifique n’en finit pas de combattre l’utopie de la conformité d’un objet et de sa représentation. Les codifications permettent de montrer par le dessin à l’ensemble d’une communauté initiée, celle des chercheurs, les gestes qui ont contribués à la fabrique d’un objet. Et, remontant du geste à l’ensemble du corps, serait-il possible de traquer l’individu particulier ? Et, dézoomant encore, serait-il possible d’approcher un groupe ? Comment concilier alors science, vulgarisation et expression artistique pour une communication des résultats de la recherche ?
—
Entrée libre sur inscription préalable à i2mp@mucem.org
Pour la séance de rentrée du séminaire du Centre Norbert Elias “Les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales”, nous avons le plaisir de recevoir George Marcus, professeur émérite à l’Université de Californie à Irvine, qui interviendra au sujet des écrits ethnographiques à l’heure du numérique : “The Sustained Effects of the “Writing Culture” Moment on Ethnography Produced In the Digital Age”.
George Marcus est une des figures majeures de la critique anthropologique des années 1980 avec la publication de Writing Culture. The Poetics and Politics of Ethnography et The Anthropology as Cultural Critique*. Il a grandement participé au renouvellement de la démarche ethnographique et poursuit sa réflexion sur la dimension collaborative de l’anthropologie au sein du Center for Ethnography qu’il a fondé à l’Université de Californie à Irvine.
George Marcus est par ailleurs invité par Mondes Américains (UMR 8168), où il donnera, en décembre 2018, quatre conférences dans le cadre du programme “Professeur invité” de l’EHESS.
Le séminaire « La geste technique : parler objets… par les milieux » est associé cette année au séminaire « Une autre façon de raconter » afin de réunir de façon plus interactive et réflexive les productions des artisans, chercheurs et dessinateurs. Chacune des journées sera l’occasion de faire se rencontrer des métiers et savoir-faire originaux sur des enjeux de techniques, d’habitation et de natures ; l’idée est de contribuer par ces échanges d’expériences à une réflexion élargie sur les mises en récits graphiques, photographiques et textuels des sciences humaines.
Ces rencontres font suite aux séminaires que nous menons depuis 2013 (sur les déchets et l’innovation, et sur les écritures du terrain) avec le MUCEM et l’EHESS. Un des objectifs est de faire dialoguer muséologues et spécialistes des cultures matérielles en reliant toutes les dimensions envisageables de l’horizon anthropologique (de l’enquête collecte à sa publication ou à son exposition publique, en passant par toutes des phases de traitements, tris ou descriptions et narrations co-construites avec les acteurs, ou sans, pour un passé lointain).
La notion de geste et plus précisément de celle « geste technique » permet une relecture des principes mêmes de la technologie culturelle qui lie étroitement « matière, objets, processus et connaissances » et ne les sépare que pour mieux les analyser ou les « re-lier » ensuite. Les gestes, qu’ils soient physiologiques et inconscients, ou sémantisés et culturels, permettent en effet d’aborder les actions humaines comme des éléments transversaux infra- ou para-langagiers de la comparaison interculturelle.
Tous les objets, toutes les collections qui entrent au musée correspondent non seulement à des formes et des textures prédéfinies mais aussi à des sommes innombrables de gestes, processus, connaissances – et milieux ; les milieux étant pris dans leurs capacités naturelles, techniques et socio-culturelles. Un des objectifs centraux de ce séminaire sera donc de dessiner progressivement les raisons et les logiques de choix de ces gestes et de renaturer, rehistoriciser et resociologiser les ensembles matériels, qu’ils soient destinés aux publications savantes, aux réserves ou aux expositions, en résumé, de faire parler les objets en croisant leurs différents modes d’existences et en privilégiant les plus aptes à alimenter les dialogues entre recherche, musée et société.
Un autre objectif parallèle sera d’explorer « la geste technique » entendue comme une heuristique originale d’étude de la vie en société (ou en « culture ») et qui diffèrerait d’une approche par les croyances, les idées ou le politique et qui se prête de surcroît à divers types d’enregistrements et mises en récits. Le recueil de ces gestes, systèmes d’objets, savoir-faire et discours pourra donner lieu à des travaux d’étudiants (en anthropologie, architecture, archéologie, art, etc).
Cette année encore nous reviendrons sur les grands programmes théoriques et pratiques d’études de la culture matérielle (en lien notamment avec l’exposition G.-H. Rivière ou avec certains livres sommes sur le sujet) et surtout à faire se rencontrer des expériences éloignées autour de mêmes thèmes.
Ces journées prolongent également la réflexion sur la place du dessin et de la photo dans le travail des sciences humaines. Reprenant le titre du livre inspirant de John Berger et Jean Mohr Une autre façon de raconter (Maspéro, 1981), nous interrogeons et mettons en pratique différentes formes d’éditorialisation associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de la chaîne du travail scientifique. Nous continuons à faire le pari que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils doivent également employer les nouvelles formes d’expressions – imagées et numériques – dans lesquelles nous évoluons, de concert avec les designers, les photographes, les graphistes et les auteurs de roman graphiques ou de bande dessinées. Un des objectifs est d’explorer les différentes formes de créations et façons d’écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences, en fiction, documentaire, science ou art). Comment travailler et fabriquer ensemble ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l’enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats ? Ces questions, aussi compliquées que passionnantes, orienteront nos débats tant du point de vue de la recherche, que de la création ou de la médiation publique.
Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat, Denis Chevallier, Aude Fanlo (MUCEM)
–
12 novembre 2018
L’architecture et la question animale
Où nous nous interrogerons sur la place spatiale et matérielle que nous faisons aux animaux dans l’espace domestique ou l’espace naturel et comment, sur notre planète aux limites de plus en plus visibles, nous pouvons cohabiter et faire cohabiter toutes les formes de vie qui l’occupent ?
En mêlant architecture, éthologie, anthropologie et dessin, nous décalerons le regard anthropocentré et illustrerons de multiples façons comment « construire » bâtis et récits, avec les animaux.
11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle A, Marseille
Plus d’informations
20 décembre 2018
Gestes, paroles et dessins #1
Si la question du corps ou celle de la culture ne cessent d’occuper le devant de la scène médiatique ou scientifique, celle des savoir-faire ou des gestes, ou plus précisément des « techniques du corps », lancée il y a 80 ans par Marcel Mauss et ses successeurs, n’ont su réellement s’imposer face au poids des objets et de leurs représentations. Elles nous semblent toutefois cruciales pour rouvrir le dialogue entre recherche, conservation, exposition et public et donner un sens plus juste et accompli à la « culture » matérielle.
11h00-17h30, Mucem, salle Meltem, Marseille
Plus d’informations
21 janvier 2019
Actualités et inactualités de la culture matérielle
A l’occasion de la parution de trois ouvrages importants regroupant diverses recherches collectives et solitaires sur la culture matérielle telle que l’entend l’archéologie (Une histoire des civilisations, Demoule, Garcia & Schnapp, La Découverte, 2018), l’histoire des techniques (Gestes techniques/techniques du geste, Bouillon et al, PUS 2017) ou le réseau de la revue Techniques&Culture (“Matérialiser les désirs”, Dittmar et al. 2018), nous reviendrons sur l’histoire continue et cumulative,… ou agitée et refoulée, des recherches et savoirs en culture matérielle.
11h00-17h30, La Vieille Charité, Marseille
Plus d’informations
11 mars 2019
« Fait » maison
Lors de cette journée bipolarisée sur les savoirs constructifs et leur mise en récit, nous explorerons la question des savoirs situés, des matériaux, des gestes, des « actions de peu », confrontée aux enjeux mondialisés des crises écologiques et politiques. Comment l’ethnologue, l’architecte, l’artisan et le dessinateur peuvent-ils agir de concert et offrir de nouvelles matières à recherche-action.
11h00-17h30, La Vieille Charité, salle A, Marseille
Plus d’informations
1er avril 2019
Gestes, paroles et dessins #2
Cette dernière journée sera la plus exploratoire de l’année par son mélange original d’écritures variées, participatives, dessinées, situées, vivables, toutes à la recherche de nouvelles médiations par l’entremise de dispositifs low tech et multimodaux. Nous tenterons de redescendre à certains éléments structurels de la communication et à tenter de recomposer ensemble de nouveaux instruments pour la recherche et l’action politique.
11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle de cinéma Le Miroir, Marseille
Plus d’informations
Coordination scientifique : Frédéric Joulian (CNE/EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat (MUCEM), Denis Chevallier (MUCEM), Aude Fanlo (MUCEM)