Une autre façon de raconter… la geste technique (2018-2019)

Le séminaire « La geste technique : parler objets… par les milieux » est associé cette année au séminaire « Une autre façon de raconter » afin de réunir de façon plus interactive et réflexive les productions des artisans, chercheurs et dessinateurs. Chacune des journées sera l’occasion de faire se rencontrer des métiers et savoir-faire originaux sur des enjeux de techniques, d’habitation et de natures ; l’idée est de contribuer par ces échanges d’expériences à une réflexion élargie sur les mises en récits graphiques, photographiques et textuels des sciences humaines.

Ces rencontres font suite aux séminaires que nous menons depuis 2013 (sur les déchets et l’innovation, et sur les écritures du terrain) avec le MUCEM et l’EHESS. Un des objectifs est de faire dialoguer muséologues et spécialistes des cultures matérielles en reliant toutes les dimensions envisageables de l’horizon anthropologique (de l’enquête collecte à sa publication ou à son exposition publique, en passant par toutes des phases de traitements, tris ou descriptions et narrations co-construites avec les acteurs, ou sans, pour un passé lointain).

La notion de geste et plus précisément de celle « geste technique » permet une relecture des principes mêmes de la technologie culturelle qui lie étroitement « matière, objets, processus et connaissances » et ne les sépare que pour mieux les analyser ou les « re-lier » ensuite. Les gestes, qu’ils soient physiologiques et inconscients, ou sémantisés et culturels, permettent en effet d’aborder les actions humaines comme des éléments transversaux infra- ou para-langagiers de la comparaison interculturelle.
Tous les objets, toutes les collections qui entrent au musée correspondent non seulement à des formes et des textures prédéfinies mais aussi à des sommes innombrables de gestes, processus, connaissances – et milieux ; les milieux étant pris dans leurs capacités naturelles, techniques et socio-culturelles. Un des objectifs centraux de ce séminaire sera donc de dessiner progressivement les raisons et les logiques de choix de ces gestes et de renaturer, rehistoriciser et resociologiser les ensembles matériels, qu’ils soient destinés aux publications savantes, aux réserves ou aux expositions, en résumé, de faire parler les objets en croisant leurs différents modes d’existences et en privilégiant les plus aptes à alimenter les dialogues entre recherche, musée et société.

Un autre objectif parallèle sera d’explorer « la geste technique » entendue comme une heuristique originale d’étude de la vie en société (ou en « culture ») et qui diffèrerait d’une approche par les croyances, les idées ou le politique et qui se prête de surcroît à divers types d’enregistrements et mises en récits. Le recueil de ces gestes, systèmes d’objets, savoir-faire et discours pourra donner lieu à des travaux d’étudiants (en anthropologie, architecture, archéologie, art, etc).

Cette année encore nous reviendrons sur les grands programmes théoriques et pratiques d’études de la culture matérielle (en lien notamment avec l’exposition G.-H. Rivière ou avec certains livres sommes sur le sujet) et surtout à faire se rencontrer des expériences éloignées autour de mêmes thèmes.

Ces journées prolongent également la réflexion sur la place du dessin et de la photo dans le travail des sciences humaines. Reprenant le titre du livre inspirant de John Berger et Jean Mohr Une autre façon de raconter (Maspéro, 1981), nous interrogeons et mettons en pratique différentes formes d’éditorialisation associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de la chaîne du travail scientifique. Nous continuons à faire le pari que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils doivent également employer les nouvelles formes d’expressions – imagées et numériques – dans lesquelles nous évoluons, de concert avec les designers, les photographes, les graphistes et les auteurs de roman graphiques ou de bande dessinées. Un des objectifs est d’explorer les différentes formes de créations et façons d’écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences, en fiction, documentaire, science ou art). Comment travailler et fabriquer ensemble ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l’enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats ? Ces questions, aussi compliquées que passionnantes, orienteront nos débats tant du point de vue de la recherche, que de la création ou de la médiation publique.

Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat, Denis Chevallier, Aude Fanlo (MUCEM)

Programmes de séances

12 novembre 2018
L’architecture et la question animale
Où nous nous interrogerons sur la place spatiale et matérielle que nous faisons aux animaux dans l’espace domestique ou l’espace naturel et comment, sur notre planète aux limites de plus en plus visibles, nous pouvons cohabiter et faire cohabiter toutes les formes de vie qui l’occupent ?
En mêlant architecture, éthologie, anthropologie et dessin, nous décalerons le regard anthropocentré et illustrerons de multiples façons comment « construire » bâtis et récits, avec les animaux.
11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle A, Marseille
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20 décembre 2018
Gestes, paroles et dessins #1
Si la question du corps ou celle de la culture ne cessent d’occuper le devant de la scène médiatique ou scientifique, celle des savoir-faire ou des gestes, ou plus précisément des « techniques du corps », lancée il y a 80 ans par Marcel Mauss et ses successeurs, n’ont su réellement s’imposer face au poids des objets et de leurs représentations. Elles nous semblent toutefois cruciales pour rouvrir le dialogue entre recherche, conservation, exposition et public et donner un sens plus juste et accompli à la « culture » matérielle.
11h00-17h30, Mucem, salle Meltem, Marseille
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21 janvier 2019
Actualités et inactualités de la culture matérielle
A l’occasion de la parution de trois ouvrages importants regroupant diverses recherches collectives et solitaires sur la culture matérielle telle que l’entend l’archéologie (Une histoire des civilisations, Demoule, Garcia & Schnapp, La Découverte, 2018), l’histoire des techniques (Gestes techniques/techniques du geste, Bouillon et al, PUS 2017) ou le réseau de la revue Techniques&Culture (“Matérialiser les désirs”, Dittmar et al. 2018), nous reviendrons sur l’histoire continue et cumulative,… ou agitée et refoulée, des recherches et savoirs en culture matérielle.
11h00-17h30, La Vieille Charité, Marseille
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11 mars 2019
« Fait » maison
Lors de cette journée bipolarisée sur les savoirs constructifs et leur mise en récit, nous explorerons la question des savoirs situés, des matériaux, des gestes, des « actions de peu », confrontée aux enjeux mondialisés des crises écologiques et politiques. Comment l’ethnologue, l’architecte, l’artisan et le dessinateur peuvent-ils agir de concert et offrir de nouvelles matières à recherche-action.
11h00-17h30, La Vieille Charité, salle A, Marseille
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1er avril 2019
Gestes, paroles et dessins #2
Cette dernière journée sera la plus exploratoire de l’année par son mélange original d’écritures variées, participatives, dessinées, situées, vivables, toutes à la recherche de nouvelles médiations par l’entremise de dispositifs low tech et multimodaux. Nous tenterons de redescendre à certains éléments structurels de la communication et à tenter de recomposer ensemble de nouveaux instruments pour la recherche et l’action politique.
11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle de cinéma Le Miroir, Marseille
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Coordination scientifique : Frédéric Joulian (CNE/EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat (MUCEM), Denis Chevallier (MUCEM), Aude Fanlo (MUCEM)

Sciences humaines et cinéma documentaire : Quels terrains de rencontre ? 26 novembre 2018, Paris

Une journée d’échanges entre les sciences humaines et le cinéma aujourd’hui est proposée le 26 novembre 2018 par le Festival Jean Rouch, La Fabrique des écritures (Centre Norbert Elias – UMR 8562) et l’association de cinéastes documentaristes Addoc.

Cette journée s’articulera autour de récits de collaborations entre chercheurs en sciences humaines et sociales, cinéastes et producteurs. Quelles sont les représentations que les uns et les autres se font de l’écriture, de la réalisation et du montage ? Comment se rencontrent-elles pour inventer un langage commun, tout en évitant des paroles simplificatrices ou formatées ? Malgré la singularité de chaque projet, un des objectifs de la journée sera d’explorer la complexité d’un travail d’écriture à plusieurs voix.

La notion d’auteur dans ses dimensions juridique, scientifique et artistique sera également au cœur de notre réflexion et nous explorerons les diverses définitions de ce terme à partir d’exemples particuliers.

Ces échanges auront lieu dans une interaction dynamique avec le public et nous espérons qu’ils feront émerger des rencontres entre chercheurs, réalisateurs et producteurs.

Une journée coordonnée par Barberine Feinberg, Laurent Pellé, Boris Pétric, Hélène Ricome et Gaëlle Rilliard.

 

Programme

10h15-10h30
Introduction

10h30-12h30
Quand écriture scientifique et écriture cinématographique collaborent
Durant cette matinée, des récits de collaborations mettront en perspective les points de vue de chacun autour d’extraits de film.
Intervenants :
• Aël Thery (doctorante en anthropologie, coréalisatrice) et Marine Ottogalli (directrice de la photo, coréalisatrice) – film en cours
• Caroline Bodolec (anthropologue), Elodie Brosseau (réalisatrice) et Hélène Attali (monteuse) – Yaodong, petit traité de construction
• Nicolas Jaoul (anthropologue et réalisateur) et Gilles Volta (monteur) – Sangarsh, le temps de la lutte

12h00-12h30
Partages d’expériences avec la salle

14h00-15h30
Les différents statuts d’auteurs : études de cas et règles générales
Intervenant :
• Guillaume Thoulon (Responsable juridique audiovisuel et nouveaux médias à la SCAM) présentera les différents statuts d’auteur et interrogera les limites pas toujours simples qui définissent une collaboration.

15h00-15h30
Questions ouvertes à la salle

15h30-16h45
Élaborer la narration d’un film : Quels enjeux scientifiques et cinématographiques aujourd’hui ?
Intervenants :
• Laurent Cibien (réalisateur) : Collaboration en cours sur l’écriture d’un projet avec Charlotte Epstein, chercheuse en philosophie politique.
• Vincent Gaullier (réalisateur et producteur) – Saigneurs. Peau d’âme de Pierre Oscar Levy.
• Chowra Makaremi (anthropologue et réalisatrice) – Hitch. Une histoire iranienne

16h45-17h00
Conclusion de la journée

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Réservation conseillée par mail à coordination@addoc.net
Festival du film ethnographique Jean Rouch 2018
Musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro, 75016 Paris
Métro Trocadéro lignes 6 et 9 / bus 22, 32, 30, 63, 72

L’architecture et la question animale, 12 novembre 2018

Première séance de l’année du séminaire  “Une autre façon de raconter… la geste technique”, où nous nous interrogerons sur la place spatiale et matérielle que nous faisons aux animaux dans l’espace domestique ou l’espace naturel et comment, sur notre planète aux limites de plus en plus visibles, nous pouvons cohabiter et faire cohabiter toutes les formes de vie qui l’occupent ? En mêlant architecture, éthologie, anthropologie et dessin, nous décalerons le regard anthropocentré et illustrerons de multiples façons comment « construire » bâtis et récits, avec les animaux.

11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle A, Marseille
Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat, Denis Chevallier, Aude Fanlo (MUCEM)

Au programme

11h00–11h15
Introduction
Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM)

11h15-12h15
Zoocultures, Zoonatures : sur un malentendu généralisé
Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS)
Frédéric Joulian est anthropologue. Ses recherches portent sur les processus d’évolution et sur les significations des phénomènes techniques et culturels dans le temps long et sur les interactions hommes-animaux en Afrique et en Europe.

13h30–14h30
Un monde commun, l’autre animal de l’architecture
Dominique Rouillard (Paris I)
Dominique Rouillard est architecte dplg, docteur en histoire et théorie de l’art (EHESS), professeure HDR à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais où elle dirige le Laboratoire Infrastructure Architecture Territoire (LIAT). Ses recherches portent aujourd’hui sur la production des projets à l’ère de la métropole post-carbone et des espaces partagés de la biodiversité.

14h30–15h30
La place des animaux dans les monuments historiques
Florence Sarano (ENSAM)
Florence Sarano est architecte et maître assistante titulaire à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille où elle est co-directrice du domaine d’études « soutenabilité et hospitalité ».

15h30–16h30
Discussion générale

Photo : Transhumance devant le MuCEM. Cérémonie d’ouverture de Marseille Provence Capitale de la culture, juin 2013 – © Lisa George

Masterclass avec Vanessa Winship, 31 octobre 2018

Masterclass avec la photographe britannique Vanessa Winship mercredi 30 octobre à l’occasion de la séance d’ouverture du séminaire Observer, décrire, interpréter. Photographie, cinéma et sciences sociales, et dans le cadre des rencontres de photographie contemporaine Des Rives #2.

Après des études en cinéma et photographie à l’école Polytechnic of Central London, Vanessa Winship commence par enseigner la photographie à Londres. Devenue ensuite photographe indépendante, elle rejoint l’Agence VU’ en 2005. Pendant de long séjours dans les Balkans (Turquie, Géorgie et Mer Noire), Vanessa Winship s’intéresse aux concepts de frontière, territoire, histoire et mémoire. Entre portraits et paysages, son travail peut être lu comme une approche documentaire classique, avec une sensibilité et une complexité profondément contemporaines. Son second ouvrage, Sweet Nothings proposait une série de visages d’écolières anatoliennes en uniforme, posant avec une simplicité grave et juste. Ses travaux ont été exposés dans différents musées et festivals : Les Rencontres d’Arles, le Kunsthalle Museum of  Contemporary Art de Rotterdam ou la Photographers’ Gallery de Londres. Ses photographies font notamment partie des collections de la National Portrait Gallery, du Nelson-Atkins Museum et de la Fondation d’entreprise Hermès.
http://www.vanessawinship.com

Centre Norbert Elias/EHESS – La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002 Marseille

Vanessa Winship sera également “en conversation” avec Yann Tostain, le vendredi 2 novembre 2018 à 18h30 au Musée d’art contemporain de Marseille (Rencontres “Des Rives #2”).

Illustration : Untitled from the series Black Sea. Between Chronicle and Fiction, 2002-2010 © Vanessa Winship / Courtesy Agence Vu

L’île et l’exposition, 19 octobre 2018, MuCEM

Dernière séance du séminaire préparatoire à l’exposition “Le Temps de l’île” (MuCEM, Marseille, 2019) en présence des scénographes Giovanna Comana et Iva Berthon (agence BGC) et des commissaires Jean-Marc Besse et Guillaume Monsaingeon. La séance sera suivie d’une projection de films sur les îles mobilisant des méthodes d’ethnographie sensorielle.

14h00-17h00
Séminaire – L’île et l’exposition : la scénographie comme convergence des espaces

Depuis 2017, une dizaine de séances de séminaire ont permis de nourrir l’exposition « Le Temps de l’île », et d’en multiplier les approches. Le travail de production approchant, cette séance propose une réflexion prospective sur l’écriture expographique en cours avec les deux scénographes retenues par le Mucem pour l’exposition. Comment convoquer les imaginaires insulaires, géographiques, artistiques et politiques qui habitent les visiteurs ? Comment aborder l’échelle insulaire à travers le parcours d’œuvres ? Le traitement de la lumière peut-il souligner l’ambivalence et l’incertitude propres aux îles ? Quelle place accorder dans l’exposition à des présences cartographiques ? Comment mettre en valeur l’expérience de l’île ? Questionnement géographique, propos pédagogique et souci d’expression esthétique sont désormais à l’œuvre. À travers des objets d’art, des objets vernaculaires, des documents historiques, le récit scénographique entend construire une convergence avec les spatialités insulaires.

18h00-20h30
Projections – Films documentaires / Expérimentations Art-Science / Ethnographie sensorielle

Let us persevere in what we have resolved before we forget de Ben Russell (20’, 2013)
Ampedusa de Philip Cartelli et Mariangela Ciccarello (4’, 2015)
Projection suivi d’un débat avec Jeff Daniel Silva (documentariste, Centre Norbert Elias) et Chloé Buire (géographe, Laboratoire Les Afriques dans le Monde).

Cette soirée de projection propose une réflexion sur l’écriture filmique comme un révélateur de l’expérience insulaire. En plaçant la sensorialité en premier, certains films documentaires ouvrent aujourd’hui la voie à des mondes de réflexion et des regards pouvant incarner et engager de nouvelles lectures, plus sensibles, des imaginaires géographiques. Cette perspective est abordée à travers deux films croisant expérimentation et ethnographie sensorielle, l’un réalisé par Ben Russell sur l’entremêlement du quotidien et des croyances magiques à Tanna, une petite île du Vanuatu (2013), l’autre réalisé en 2015 par Philippe Cartelli et Mariangela Ciccarello sur l’apparition fugitive en 1831 d’une petite île volcanique au large de la Sicile et les effets de sa disparition soudaine.

Vendredi 19 octobre 2018
MuCEM – Fort Saint-Jean
Entrée libre sur inscription à i2mp@mucem.org

Programme du séminaire : Observer, décrire, interpréter. Photographie, cinéma et sciences sociales (2018-2019)

Un séminaire du Centre Norbert Elias/EHESS Marseille, coordonné par Marco Barbon, Pierre-Léonce Jordan, Boris Pétric, Jeff Daniel Silva et Franco Zecchin. 

L’objectif de ce séminaire est d’approfondir la place de la photographie et du cinéma dans les enquêtes de terrain et dans l’élaboration de textes anthropologiques et sociologiques, en tant que formes narratives. Les photographies ainsi que les documents filmiques sont souvent, à tort, considérés comme une simple illustration des recherches scientifiques, sans prendre suffisamment en compte leur dimension intrinsèque d’outil de recherche et leur capacité à enrichir la narration socio-ethnographique. Pour ce faire, il faut transformer le regard du chercheur en capacité de vision, former l’œil à saisir les liens entre les choses, à les mettre en relation, selon l’ordre de sens de la réalité observée. La photographie et le cinéma constituent un outil irremplaçable de déconstruction du regard et d’identification des codes qui opèrent dans les diverses situations sociales.
A travers l’analyse de films et de travaux des photographes, ce séminaire se proposera cette année d’aborder plus particulièrement les thèmes : espaces / territoires/ frontières.
Au fil des séances, à travers l’analyse de films et de travaux de photographes, différentes formes d’enquête et de narration seront analysées. Les séances auront lieu dans la salle du cinéma Le Miroir (La Vieille Charité) et se dérouleront sur trois journées, en octobre et décembre.

Calendrier des séances

Mardi 30 octobre 2018

9h30-10h00
Séance introductive
10h00-11h30
Franco Zecchin : Explorer la relation entre appropriation de l’espace et pratiques sociales à travers la photographie
11h30-12h30
Marco Barbon :  The Interzone, un travail sur la ville de Tanger, autour de la notion de frontière, entre le réel et l’imaginaire, le document et la fiction.
14h00-17h00
Jeff Silva présentera son travail en cours au Mexique et des extraits du film documentaire Là ou la terre sur les transformations du territoire des quartiers nord de Marseille.

Mercredi 31 octobre 2018

9h30-12h30
Projection d’extraits du film de Vitaly Mansky Black Sea, sur le thème de la transformation de l’espace dans un lieu de vacances sur la Mer Noire.
14h00-17h00
Masterclass avec  Vanessa Winship. Pendant de long séjours dans les Balkans (Turquie, Géorgie et Mer Noire), Vanessa Winship s’intéresse aux concepts de frontière, territoire, histoire et mémoire. Entre portraits et paysages, son travail peut être lu comme une approche documentaire classique, avec une sensibilité et une complexité profondément contemporaines.
Plus d’informations

Vendredi 7 décembre 2018

9h30-12h30
Projection des travaux photographiques autour de l’idée de traversée, de déplacement et de passage :
– Carlos Spottorno a parcouru les frontières extérieures de l’Union européenne durant trois ans. Avec l’écrivain Guillermo Abril, il a composé un roman graphique, fruit de ce long travail journalistique qui témoigne des crises humaines et des réactions des pays européens face aux flux migratoires contemporains.
– Mathieu Pernot a réalisée une série de photos sur des migrants afghans dormant dans les rues de Paris. Dans une recherche visuellement épurée, les individus sont à la fois présents et absents, réduits à l’état de simple forme.
– Giorgos Moutafis s’intéresse depuis cinq ans aux routes de l’immigration en Europe, de Lampedusa à la frontière turque
14h30-17h00
Masterclass “Cinéma documentaire et fiction” au MuCEM, dans le cadre du Festival Jean Rouch. Le réalisateur Mehdi Sahebi présentera son film documentaire Mirr. Les travaux des étudiants du Master Pro Métiers du film documentaire  d’Aix-Marseille Université seront également présentés.
Centre Norbert Elias/EHESS – La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002 Marseille

Programme du séminaire : les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales (2018-2019)

Un séminaire du Centre Norbert Elias/EHESS Marseille coordonné par Axelle Brodiez, Stéphane Durand, Céline Lesourd, Emmanuel Pedler, Boris Pétric, Jean-Christophe Sevin, Valeria Siniscalchi.

L’écriture constitue un enjeu épistémologique fondamental dans l’approche qualitative de la vie sociale. Les réflexions sur la construction du récit et de la narration, le statut accordé à la description, l’incarnation d’une analyse sociologique par des acteurs sont des questions déterminantes pour penser aussi bien des enjeux autour de l’objectivité et de la représentativité que l’éthique du chercheur construisant et justifiant ses données empiriques. Ce séminaire sera l’occasion de revenir sur la diversité des stratégies narratives en histoire, en sociologie et en anthropologie tout en interrogeant les renouvellements actuels des écritures.

Programme

29 novembre 2018
Avec George Marcus (University of California, Irvine)
The Sustained Effects of the “Writing Culture” Moment on Ethnography Produced In the Digital Age
14h00-16h00, Salle A
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1er février 2019
Avec Frédérique Aït-Touati (Gaïa Global Circus)
10h00-12h00, Salle A
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21 mars 2019
Avec Sylvain Venayre (L’histoire dessinée de la France)
14h00-16h00, Salle A
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25 avril 2019
Avec Shahram Khosravi (Traveller)
14h00-16h00, Salle A

16 mai 2019
Avec Sylvain Pattieu
14h00-16h00, Salle A

20 juin 2019
Avec Sophie Houdart
Écrire au pluriel. De quelques expérimentations concernant le difficile rendu d’une enquête menée non loin de la centrale de Fukushima Dai-ichi, Japon
14h00-16h00, Salle A

 

Centre Norbert Elias – EHESS Marseille
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002  Marseille

Plus d’informations : https://enseignements-2018.ehess.fr/2018/ue/1578

Image  : Inside de Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati –  © Dorothea Tuch

Genre et maladie mentale : une exposition de Gaia Manetti

Genre et expériences de la psychiatrie à l’ancien hôpital de Rome au tournant du 20e siècle : un projet de recherche de Gaia Manetti sur les archives médicales de l’hôpital Santa Maria della Pietà de Rome, illustré par Marco Brancato.

A travers les parcours singuliers de personnes internées, l’exposition aborde la dimension genrée de la pensée psychiatrique à la fin la fin du 19e et au début du 20e siècle.
Les témoignages des patients, de leur entourage et les récits « construits » par les psychiatres dans les dossiers médicaux, sont restitués sous forme de dessins. Gaia Manetti a réalisé ce travail en collaboration avec un dessinateur en 2017-2018, au cours d’un stage à la Fabrique des écritures. Elle y expérimente une narration de ses recherches menées pendant un double master franco-italien en histoire, anthropologie et sociologie (EHESS Marseille et Université La Sapienza à Rome).

De la recherche.. à l’expo

Après avoir recueilli pendant plusieurs mois, beaucoup d’histoires dans les archives de l’ancien hôpital psychiatrique Santa Maria della Pietà de Rome, je me suis un jour retrouvée assise devant mon bureau avec une pile de fiches remplies de données que je devais commencer à analyser. En réfléchissant à la structure des dossiers médicaux, j’ai compris que les textes que j’avais entre les main étaient déjà « narratifs », – les narrateurs étant les psychiatres de l’hôpital –, et que je souhaitais moi aussi les restituer de manière narrative.

J’ai décidé d’écrire de brefs récits en faisant ressortir la représentativité de chaque histoire, la relation entre la personne et son contexte, tout en évitant d’envisager cette conceptualisation comme un processus d’homologation d’un champion statistique. En ce sens, les histoires révèlent des constantes (culturelles) et des variations (subjectives) des chemins des « mères dénaturées » et des « hommes impulsives ». Ensuite, au cours d’un stage à la Fabrique des écritures – j’ai eu l’idée d’enrichir ce projet de valorisation de matériaux d’archive en expérimentant de nouvelles formes écritures qui ne se limitent pas au texte. D’où le choix d’une collaboration avec le dessinateur Marco Brancato. En partant des histoires que j’ai écrites, nous avons décidé de mixer deux typologies d’écriture visuelle : le dessin et la cartographie narrative.

Les « cartographies narratives » font partie d’une nouvelle typologie de cartographies alternatives, conçues par un groupe de géographes et d’urbanistes ces dernières années. Ils ont emprunté l’idée de Deligny et Deleuze à propos de la nécessité de penser l’espace (et donc les cartes) à partir de l’expérience singulière et émotive de chaque individu. Ici, la seule différence est que ces cartes ne partent pas d’une expérience – comme celles de Deligny et Deleuze –, mais d’un récit oral ou d’un témoignage écrit. Pour cette exposition, nous avons repris de la forme de la cartographie narrative, l’attention à l’espace individuel/émotif ainsi que la capacité normative de l’espace sociale et hospitalier. La partie dessinée, quant à elle, nous a permis de représenter le vécu des patients et de donner forme à leurs hallucinations.

L’exposition présente trois histoires de « mères dénaturées » et trois de « hommes impulsifs ». Pour chacune d’entre elles, deux panneaux, le premier représentant la vie du patient avant l’internement, le second retraçant l’expérience de l’hospitalisation à Santa Maria della Pietà. Le premier panneau a été réalisé à l’appui de témoignages des parents du patient, de voisins, d’un prête et du patient même. Ces témoignages, présents dossier médical, étaient rassemblés par la gendarmerie et les médecins dans le but de comprendre la cause de la maladie et  justifier l’internement. Le deuxième panneau a été réalisé à travers les notes des psychiatres de l’hôpital versées dans le dossier médical à chaque étape du parcours du patient dedans l’asile dans la salle d’observation, les différents services ou la morgue.

Le travail de recherche à l’origine de l’exposition

Le principe de différenciation entre les sexes constitue un élément incontournable de la pensée psychiatrique affectant ainsi à la fois ses constructions théoriques, ses représentations et de ce fait ses pratiques cliniques. Un nombre très significatif de troubles sont envisagés comme étant genrés : certaines pathologies sont ainsi fréquemment présentées en termes de prévalence de l’un des deux sexes. Ainsi les troubles alimentaires, l’anxiété, la dépression, tout comme dans les troubles liés aux dysfonctions sexuelles, seraient des maladies typiques du sexe féminin, tandis que le suicide et les crises de violence seraient des souffrances psychiques à caractérisation principalement masculine. Aujourd’hui, bien que toujours présente, l’existence d’une dimension genrée des maladies mentales fait l’objet de discussions et d’opinions discordantes au sein du champs scientifique. Mais à la période considérée dans la recherche, au tournant du 20e siècle, elle avait pour les médecins et les psychiatres un tel caractère d’évidence qu’elle n’avait même pas besoin d’être remise en question.

Dans ce cadre général, la recherche qui a inspiré cette exposition, a analysé de quelle manière la différentiation entre les sexes a eu une influence dans la « construction » de maladies mentales typiquement féminines et masculines, et à l’inverse, dans quelle mesure cette « classification » a fonctionné comme un « dispositif de subjectivation » en contribuant à réguler les identités et les rôles de genre. La recherche s’est focalisée sur le nœud entre psychiatrie et biopouvoir à travers l’analyse de l’évolution des discours sur la maternité « naturelle » des femmes et sur l’impulsivité « normale » des hommes et sur deux pathologies différentes étroitement connectées avec ces thématiques : la folie puerpérale (ou dépression post–partum) et la paralysie progressive (dégénération neurologique de la syphilis). Ensuite, mon intérêt pour les formes créatives de l’écriture scientifique, – mûri pendant la période de stage auprès de la Fabrique des écritures –, a donné naissance à la collaboration artistique avec Marco Brancato et à cette exposition.

Gaia Manetti

Du 24 septembre au 21 décembre 2018
Vernissage le 5 novembre 20118
Centre de documentation en sciences sociales, 1er étage
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, Marseille
Du lundi au vendredi de 10h00 à 18h00
Entrée libre.

Une proposition du Centre Norbert Elias et de la Fabrique des écritures

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Des Rives #2 : Rencontres autour de la photographie contemporaine, 11 sept.-22 nov. 2018

Organisé par Le Percolateur, initiative pour la création photographique à Marseille, “Des Rives” est un cycle de rencontres publiques et gratuites, conduites par Yann Tostain, avec des photographes et professionnels de la photographie venant des deux rives de la Méditerranée.

“Des Rives” propose d’interroger des œuvres photographiques afin d’ouvrir un espace de dialogue entre les images, entre ceux qui les font, entre la photographie et ses récits, entre des rives. Un travail pédagogique est mené en collaboration étroite avec les enseignants de plusieurs lycées et écoles de Beaux-Arts de la région, ainsi qu’avec les chercheurs de la Fabrique des écritures (Centre Norbert Elias/EHESS).

Les dates à retenir
– Projection du film documentaire If Only There Were Peace (2017, 30’) de Carmine Grimaldi et Deniz Tortum (États-Unis), suivie d’un débat avec la participation du photographe Stephen Dock
Samedi 27 octobre 2018 à 16h30 au cinéma Le Miroir  (Vieille Charité. Ouvert à tous).
– Intervention de la photographe Vanessa Winship dans le cadre du séminaire “Observer, décrire, interpréter” le 31 octobre (Étudiants de master et doctorants inscrits)

Le programme complet

Illustration : série Black Sea © courtesy Vanessa Winship/ agence VU

Être jeune à Marseille. Exposition photo, été 2018

Une exposition de restitution des ateliers “Photographie” de la Fabrique, jusqu’au 15 novembre 2018 à la Vieille Charité, Marseille.

Pour la deuxième année, la Fabrique des écritures présente une exposition des travaux photographiques de doctorants et étudiants de master réalisés au cours de ses ateliers “photographie”. Menés par Marco Barbon et Franco Zecchin, ces ateliers visent à approfondir l’expérience pratique de la photographie et ses usages dans les sciences sociales, avec l’objectif d’expérimenter la photographie comme source de connaissance. Ces séances pratiques s’inscrivent dans le séminaire de recherche de l’EHESS Marseille  « Observer, décrire, interpréter. Photographie, cinéma et sciences sociales » (Enseignement 2017-2018).

Les photographes

Davide Cacchioni – Jeunes… par dessus le marché
Reportage sur les nouveaux producteurs et artisans du marché bio du cours Julien.

Violaine Chevrier – Quart d’air
Le temps d’un quart d’heure les élèves se retrouvent pour une bouffée d’air dans le sas d’entrée du Lycée Saint-Charles, mi-dedans, mi-dehors, dans un espace à la fois libre et encadré.

Margot Bergerand – Traits d’union
Reportage sur les activités d’accompagnement scolaire et la fanfare de la Dar Lamifa, un lieu associatif engagé, animé par des bénévoles.

Emma Cavalleri – The non-symbolic work
Ils sont boulanger, menuisier, luthier… portraits des nouveaux artisans marseillais, à rebours de la pensée de Robert Reich qui affirme que pour être compétitif il faut développer des emplois symboliques.

Joëlle Rivier – Je veux être au sommet du vide
Reportage autour de l’atelier d’écriture et d’intervention urbaine mené par des jeunes du Lycée Saint-Exupéry, communément appelé Lycée « Nord ».

Ziyu Lin – Une vie différente
Portraits d’étudiants chinois en France et, en contrepoint, les difficultés d’intégration qu’ils rencontrent au quotidien.

Anaïs Baseilhac – Rue des Convalescents
Pour des questions de droit à l’image, ces portraits, réalisés dans une maison de retraite à Marseille, ne sont pas présentés à l’exposition.

Jusqu’au 15 novembre 2018
Entrée libre
La Vieille Charité
2, rue de la Charité
13002 Marseille
Entrée libre