Exposition des photographies de Kelley Sams, La Vieille Charité, 7 oct.-6 déc. 2019

Anthropologue de la santé, Kelley Sams a travaillé au Centre Norbert Elias de 2014 à 2008 dans le cadre du projet ANR VIPOMAR sur la vie politique des marchandises. Elle présente aujourd’hui une exposition de photographies sur les relations sociales et politiques provoquées par la circulation des médicaments chinois à base d’artemisinine aux Comores.

Les médicaments à base d’artemisinine

Cette exposition propose une réflexion sur la circulation des médicaments à base d’artemisinine et s’appuie sur les résultats de recherches ethnographiques menées en Chine, à Genève, et aux Comores.
L’artemisinine comme traitement du paludisme a émergé d’une initiative de l’État chinois dans les années 1970 qui cherchait à développer un traitement efficace basé sur la médecine traditionnelle chinoise. Les médicaments à base d’artemisinine sont apparus sur le marché global au début du 21e siècle après avoir été bloqués par des politiques nationales et internationales pendant presque 30 ans. Actuellement, ces médicaments sont recommandés par l’OMS comme traitement du paludisme simple, mais leur circulation et utilisation sont soumises à des tensions liées à la diversité des représentations et systèmes de régulations des différents acteurs impliqués.

La lutte contre le paludisme aux Comores

Cette « invention chinoise », depuis sa mise sur le marché, fait l’objet de nombreux débats.  Ces débats portent notamment sur les « bonnes » conditions de son utilisation, sur le niveau de qualité attendu de la part des différents producteurs, ou encore ils concernent les conditions de la mise sur le marché et la fixation du prix de ces médicaments subventionnés par les agences et gouvernements impliqués. Dans l’Union des Comores, une distribution de masse gratuite et obligatoire des médicaments à base d’artemisinine a été menée par l’État chinois dans une lutte visant à éliminer le paludisme entre 2007-2015. Cette stratégie de distribution de masse, permettant de traiter toute la population, a provoqué de nombreux débats au sein de la communauté internationale, notamment avec l’OMS. Cependant, cette stratégie qui était également accompagnée par une politique de retrait de tous les médicaments antipaludiques du marché pharmaceutique privé, a permit de réduire drastiquement le taux de prévalence du paludisme aux Comores.

La Chine nouvelle autorité médicale en Afrique

Cette exposition explore les relations sociales et politiques internationales provoquées par la circulation des médicaments à base d’artemisinine. La recherche VIPOMAR  explorait en particulier le rôle de l’État chinois en tant qu’acteur dans la lutte transnationale contre le paludisme à travers le cas de la distribution des médicaments antipaludiques aux Comores. Pour les populations qui gèrent leur santé et traitent la maladie dans le contexte de l’Afrique postcolonial, le changement de statut de la Chine comme nouvelle autorité médicale amène vers un nouvel imaginaire de la santé publique et vers un changement plus large dans les relations géopolitiques.

A propos de la photographe

Kelley Sams est actuellement chercheure invitée à l’Université de Floride où elle dirige un programme de recherche sur l’utilisation des arts en santé publique. Elle a été rattachée au Centre Norbert Elias entre 2014 et 2018 où elle a participé au projet ANR VIPOMAR « La vie politique des marchandises » dirigé par Boris Petric. Ses travaux de recherche multi-située s’articulent en trois grands axes en anthropologie de la santé: 1) les effets sociaux et politiques provoqués par la circulation des médicaments ; 2) l’interprétation et transmission des représentations sanitaires ; 3) les impacts sociaux des programmes de santé publique.

Exposition “Poétique et politique de lutte contre le paludisme : élimination des maladies sous l’égide de la Chine aux Comores”.
Vernissage le lundi 7 octobre à 16h30 en présence de Kelley Sams.
Centre de documentation en sciences sociales, 1er étage, la Vieille Charité, Marseille.
Du 7 octobre au 6 décembre 2019. Du lundi au vendredi de 10h00 à 18h00.
Entrée libre.