Histoires vraies du Bugey, Céline Lesourd et Fabrice Turrier, 2017

Les récits des habitants de villages du Bugey, dans l’Ain, collectés et illustrés.

La chercheure Céline Lesourd et l’illustrateur Fabrice Turrier sont allés à la rencontre des habitants du Bugey Sud (Ain) pendant plusieurs semaines. Cette résidence menée en 2016-2017 a permis de récolter des histoires vraies, des histoires de vie, qui modelées dans une fiction dressent un portrait, forcément subjectif, de la vie sociale dans le Bugey. Le projet s’est clôturé certes avec une exposition et son catalogue, mais surtout avec plus d’une centaine d’histoires collectées.
En collaboration avec l’association Histoires vraies de Méditerranée et avec le soutien de la Communauté de communes Bugey Sud.

Researcher Céline Lesourd and illustrator Fabrice Turrier went to meet the inhabitants of Bugey Sud (Ain) for several weeks. This residency, carried out in 2016-2017, made it possible to collect true stories, life stories, which, once modelled into fiction, sketch a necessarily subjective portrait of social life in Bugey. The project culminated with an exhibition and its catalogue, but more especially with over a hundred stories having been collected.
In collaboration with the association Histoires vraies de Méditerranée and with the support of the Bugey Sud Community of Communes.

Extrait du catalogue d’exposition

“Un café, un goûter, un apéritif, une histoire, deux histoires, reprendre le chemin, nouveaux villages, nouveaux visages, nouvelles histoires. Vous avez été nombreux à partager votre passion du Bugey, ses « coutumes », son art de vivre et ses savoir-faire « d’antan » en soulignant le caractère rural de votre région, son ancrage dans cette « France des champs » qui recèle, à vos yeux, des trésors méconnus qu’il faut « préserver ». Les histoires vraies présentées dans cet ouvrage rendent compte de ces modes de vie « traditionnels ». Elles évoquent le travail et les festivités des moissons, la culture de la chasse, la place des troquets et auberges des petits bourgs ou encore le rôle de la religion dans la vie sociale.

Au-delà de la nostalgie de cet univers rural et de ses personnages emblématiques qui marque profondement certains récits, ces mêmes histoires révèlent aussi en filigrane un espace depuis longtemps ouvert sur l’extérieur. Générations après générations, du plus proche au plus lointain, la collectivité d’appartenance bugiste est indéniablement – mais souvent inconsciemment – pétrie de son rapport à l’Autre : des produits bio à base de plantes locales, fabriqués par des frères missionnaires longtemps exilés en Italie et essaimant dans le monde entier ; des hommes et femmes « d’ailleurs » installés à Culoz pour travailler à la construction du Paris-Lyon-Méditerranée ; des militaires de retour d’Indochine ou d’Algérie en permission à Talissieu ; des Italiens ayant fui le fascisme en admiration devant « leur Colombier » – quand on est familier du coin, on ne dit plus le « Grand Colombier ». Ou encore, des banquiers suisses en goguette à Ameyzieu, venus faire honneur à la cuisine de la célèbre Mère Prusse.
[…]
Vous avez été nombreux, également, à nous confier des secrets de familles, des voyages, des souvenirs d’enfance, des moments de peur ou de joie que vous jugiez « peu pittoresques ». Ces histoires vraies figurent évidemment dans cet ouvrage et donnent – tout autant que celles plus localisées – à lire le Bugey comme une campagne au cœur du monde. Ainsi, dans les années 70, la quête des paradis artificiels a mené des jeunes du monde entier, et des Bugistes aussi, sur les pistes de l’Iran. L’été 2017, vous avez été fiers d’être dans la roue des cyclistes de renommée internationale venus braver vos montagnes. Un midi, avenue Paul Chastel, des femmes mauritaniennes préparent un thieboudienne suivi, en dessert, d’un Saint-Genix. Vous vous êtes installés sur les bords du fleuve, abandonnant Nantes, la Charente, Paris, le Maroc ou le Zimbabwe. Vous avez fui le Kosovo ou l’Albanie. Pour retaper une maison, échapper à la guerre, installer un atelier d’artistes, rêver à un avenir meilleur, vous investir dans le tissu associatif.
[…]
D’hier à aujourd’hui, vos histoires vraies imprégnées des caprices du Rhône et des vertiges du Colombier se déclinent sur plusieurs fuseaux horaires et composent un patrimoine d’autant plus fort qu’il articule, de longue date, le local et le global. Vos récits témoignent d’un terroir sans cesse mondialisé, un carrefour d’humanités.

Quelques planches

A propos des auteurs

Céline Lesourd est anthropologue, chargée de recherche au CNRS et membre du Centre Norbert Elias à Marseille. Elle travaille à une socio-anthropologie des élites économiques et politiques en Afrique (Mauritanie et Éthiopie). Elle a notamment publié deux ouvrages, Femmes d’affaires de Mauritanie (Paris, Karthala 2014), et Mille et un litres de thé, enquêtes auprès de femmes d’affaires mauritaniennes (Paris, Ginko Editions, Collection De Près de Loin, 2010). Plus récemment, elle a ouvert un nouveau terrain en Éthiopie, sur le commerce féminin du khat dans la région de Dire Dawa et au-delà, et sur la circulation de cette plante stimulante à travers le monde. Son dernier ouvrage, Puissance Khat. La vie politique d’une plante stimulante, a paru aux PUF en 2019.

Céline Lesourd is an anthropologist, CNRS researcher and a member of the Centre Norbert Elias in Marseille. She works on a socio-anthropology of economic and political elites in Africa (Mauritania and Ethiopia). She has published two books, Femmes d’affaires de Mauritanie (Paris, Karthala 2014), and Mille et un litres de thé, enquêtes auprès de femmes d’affaires (Paris, Ginko Editions, De Près de Loin series, 2010. More recently, she began new fieldwork in Ethiopia, on the female trade of khat in the Dire Dawa region and beyond, and on the circulation of this stimulant plant around the world. Her last work, Power Khat. La vie politique d’une plante stimulante, was published by PUF in 2019.

L’illustrateur Fabrice Turrier a été formé aux Beaux Arts de Grenoble et de Lyon. Son premier album illustré jeunesse, sur des textes de Didier Dufresne, Le vélo rouge paraît aux éditions Nathan en 1995. Depuis, Fabrice Turrier a collaboré avec plusieurs maisons d’éditions jeunesse pour illustrer plus d’une cinquantaine d’albums. Aujourd’hui, Fabrice Turrier vit et travaille toujours à Lyon. Il a orienté sa carrière sur des projets et expositions pour adultes avec notamment, l’illustration de Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon ainsi que La passion considérée comme course de côte d’Alfred Jarry.
Depuis 2016, il tient le blog http://ritonferoce.blogspot.fr