Les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales (2017-2018)

Un séminaire du Centre Norbert Elias coordonné par Isabelle Brianso, Stéphane Durand, Céline Lesourd, Emmanuel Pedler, Boris Pétric, Jean-Christophe Sevin, Valeria Siniscalchi

L’écriture constitue un enjeu épistémologique fondamental dans l’approche qualitative de la vie sociale. Les réflexions sur la construction du récit et de la narration, le statut accordé à la description, l’incarnation d’une analyse sociologique par des acteurs sont des questions déterminantes pour penser aussi bien des enjeux autour de l’objectivité et de la représentativité que l’éthique du chercheur construisant et justifiant ses données empiriques. Ce séminaire sera l’occasion de revenir sur la diversité des stratégies narratives en histoire, en sociologie et en anthropologie tout en interrogeant les renouvellements actuels des écritures.

Calendrier des séances

20 novembre 2017
Stéphanie Fonvielle et Jean-Paul Fourmentraux  Réflexions croisées sur les processus textuels et les écritures numériques

Stéphanie Fonvielle (Aix-Marseille Université, Centre Norbert Elias) : Traces et repentirs d’écriture
La linguistique de l’écrit et la génétique des textes envisagent l’écriture comme un acte et un processus de création, et déplacent l’analyse des écrits « de la structure vers les processus, de l’œuvre vers sa genèse » (Pierre-Marc de Biasi, 2011). Plus particulièrement, la génétique des textes analyse les modifications successives d’un écrit à partir de ses variantes (brouillons, manuscrits, épreuves, bon à tirer, rééditions, etc.). Toute trace de reprise du texte est donc rapportée à une gestuelle ou une pratique d’écriture ; le scripteur efface, substitue, déplace ou ajoute des segments de longueur variable. A travers des fragments d’écritures littéraires (Proust, Dard) et ordinaires (correspondances de Poilus peu lettrés), nous verrons dans quelle mesure ces traces, parfois repentirs, aident à restituer la temporalité de l’écriture et invitent à interpréter les bifurcations du texte comme des nœuds de tension, des effets de normes ou d’(auto-)censure.

Jean-Paul Fourmentraux (Aix-Marseille Université / Centre Norbert Elias) : Art et Science. Écritures et valeurs de l’interdisciplinarité
Cette présentation portera sur la manière dont la création artistique et la recherche technologique, qui constituaient autrefois des domaines nettement séparés et quasiment imperméables, sont aujourd’hui à ce point intriqués que toute innovation au sein de l’un intéresse (et infléchit) le développement de l’autre. Dans les nouveaux laboratoires de la création artistique et informatique – Ircam, Hexagram, Lip6, Cnam, Orange Labs – des œuvres hybrides rendent irréversible le morcellement des anciennes frontières opposant art et science. Car en articulant des contributions interdisciplinaires, l’art numérique instaure en effet un morcellement de l’activité créatrice et des modes pluriels de désignation de ce qui fait œuvre. Les logiques de conception et la régulation du travail qui en découlent étant désormais orientées vers une pluralité d’enjeux : exposition (artistique), invention (technologique) et connaissance (académique). L’examen de ces évolutions en France et au Canada révèle de nouvelles manières de faire œuvre commune et soulève plusieurs questions : l’art peut-il faire l’objet d’une recherche ? L’écriture informatique peut-elle, elle-même, recouvrir une dimension théorique et devenir un enjeu de création ? L’interdisciplinarité mise en jeu s’accompagne-t-elle d’une transformation des modes d’attribution et de valorisation des œuvres partagées entre art et science ?

8 février 2018
David Redmon (University of Kent)

19 mars 2018

5 avril 2018

Centre Norbert Elias – EHESS Marseille
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002  Marseille

Plus d’informations : https://enseignements-2017.ehess.fr/2017/ue/1578