Reprise du séminaire sur l’épistémologie des écritures avec Georges Marcus, 29 novembre 2018

Pour la séance de rentrée du séminaire du Centre Norbert Elias “Les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales”, nous avons le plaisir de recevoir George Marcus, professeur émérite à l’Université de Californie à Irvine, qui interviendra au sujet des écrits ethnographiques à l’heure du numérique :  “The Sustained Effects of the “Writing Culture” Moment on Ethnography Produced In the Digital Age”.

George Marcus est une des figures majeures de la critique anthropologique des années 1980 avec la publication de Writing Culture. The Poetics and Politics of Ethnography et The Anthropology as Cultural Critique*. Il a grandement participé au renouvellement de la démarche ethnographique et poursuit sa réflexion sur la dimension collaborative de l’anthropologie au sein du Center for Ethnography qu’il a fondé à l’Université de Californie à Irvine.

George Marcus est par ailleurs invité par Mondes Américains (UMR 8168), où il donnera, en décembre 2018, quatre conférences dans le cadre du programme “Professeur invité” de l’EHESS.

Jeudi 29 novembre de 14h00 à 16h00, salle A, 2e étage
Centre Norbert Elias/EHESS – La Vieille Charité, Marseille
* Ces deux ouvrages sont disponibles au Centre de documentation en sciences sociales (La Vieille Charité, 1er étage).
Références bibliographiques :
• Writing culture : the poetics and politics of ethnography : a school of American research advanced seminar. Clifford, James; Marcus, George E., University of California Press, 1986. 305 p.
Cote : 306 WRI
• Anthropology as cultural critique : an experimental moment in the human sciences. Marcus, George E., Fischer; Michael M. J., The University of Chicago Press, 1986. 205 p.
Cote : 306 MAR

 

Une autre façon de raconter… la geste technique (2018-2019)

Le séminaire « La geste technique : parler objets… par les milieux » est associé cette année au séminaire « Une autre façon de raconter » afin de réunir de façon plus interactive et réflexive les productions des artisans, chercheurs et dessinateurs. Chacune des journées sera l’occasion de faire se rencontrer des métiers et savoir-faire originaux sur des enjeux de techniques, d’habitation et de natures ; l’idée est de contribuer par ces échanges d’expériences à une réflexion élargie sur les mises en récits graphiques, photographiques et textuels des sciences humaines.

Ces rencontres font suite aux séminaires que nous menons depuis 2013 (sur les déchets et l’innovation, et sur les écritures du terrain) avec le MUCEM et l’EHESS. Un des objectifs est de faire dialoguer muséologues et spécialistes des cultures matérielles en reliant toutes les dimensions envisageables de l’horizon anthropologique (de l’enquête collecte à sa publication ou à son exposition publique, en passant par toutes des phases de traitements, tris ou descriptions et narrations co-construites avec les acteurs, ou sans, pour un passé lointain).

La notion de geste et plus précisément de celle « geste technique » permet une relecture des principes mêmes de la technologie culturelle qui lie étroitement « matière, objets, processus et connaissances » et ne les sépare que pour mieux les analyser ou les « re-lier » ensuite. Les gestes, qu’ils soient physiologiques et inconscients, ou sémantisés et culturels, permettent en effet d’aborder les actions humaines comme des éléments transversaux infra- ou para-langagiers de la comparaison interculturelle.
Tous les objets, toutes les collections qui entrent au musée correspondent non seulement à des formes et des textures prédéfinies mais aussi à des sommes innombrables de gestes, processus, connaissances – et milieux ; les milieux étant pris dans leurs capacités naturelles, techniques et socio-culturelles. Un des objectifs centraux de ce séminaire sera donc de dessiner progressivement les raisons et les logiques de choix de ces gestes et de renaturer, rehistoriciser et resociologiser les ensembles matériels, qu’ils soient destinés aux publications savantes, aux réserves ou aux expositions, en résumé, de faire parler les objets en croisant leurs différents modes d’existences et en privilégiant les plus aptes à alimenter les dialogues entre recherche, musée et société.

Un autre objectif parallèle sera d’explorer « la geste technique » entendue comme une heuristique originale d’étude de la vie en société (ou en « culture ») et qui diffèrerait d’une approche par les croyances, les idées ou le politique et qui se prête de surcroît à divers types d’enregistrements et mises en récits. Le recueil de ces gestes, systèmes d’objets, savoir-faire et discours pourra donner lieu à des travaux d’étudiants (en anthropologie, architecture, archéologie, art, etc).

Cette année encore nous reviendrons sur les grands programmes théoriques et pratiques d’études de la culture matérielle (en lien notamment avec l’exposition G.-H. Rivière ou avec certains livres sommes sur le sujet) et surtout à faire se rencontrer des expériences éloignées autour de mêmes thèmes.

Ces journées prolongent également la réflexion sur la place du dessin et de la photo dans le travail des sciences humaines. Reprenant le titre du livre inspirant de John Berger et Jean Mohr Une autre façon de raconter (Maspéro, 1981), nous interrogeons et mettons en pratique différentes formes d’éditorialisation associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de la chaîne du travail scientifique. Nous continuons à faire le pari que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils doivent également employer les nouvelles formes d’expressions – imagées et numériques – dans lesquelles nous évoluons, de concert avec les designers, les photographes, les graphistes et les auteurs de roman graphiques ou de bande dessinées. Un des objectifs est d’explorer les différentes formes de créations et façons d’écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences, en fiction, documentaire, science ou art). Comment travailler et fabriquer ensemble ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l’enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats ? Ces questions, aussi compliquées que passionnantes, orienteront nos débats tant du point de vue de la recherche, que de la création ou de la médiation publique.

Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat, Denis Chevallier, Aude Fanlo (MUCEM)

Programmes de séances

12 novembre 2018
L’architecture et la question animale
Où nous nous interrogerons sur la place spatiale et matérielle que nous faisons aux animaux dans l’espace domestique ou l’espace naturel et comment, sur notre planète aux limites de plus en plus visibles, nous pouvons cohabiter et faire cohabiter toutes les formes de vie qui l’occupent ?
En mêlant architecture, éthologie, anthropologie et dessin, nous décalerons le regard anthropocentré et illustrerons de multiples façons comment « construire » bâtis et récits, avec les animaux.
11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle A, Marseille
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20 décembre 2018
Gestes, paroles et dessins #1
Si la question du corps ou celle de la culture ne cessent d’occuper le devant de la scène médiatique ou scientifique, celle des savoir-faire ou des gestes, ou plus précisément des « techniques du corps », lancée il y a 80 ans par Marcel Mauss et ses successeurs, n’ont su réellement s’imposer face au poids des objets et de leurs représentations. Elles nous semblent toutefois cruciales pour rouvrir le dialogue entre recherche, conservation, exposition et public et donner un sens plus juste et accompli à la « culture » matérielle.
11h00-17h30, Mucem, salle Meltem, Marseille
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21 janvier 2019
Actualités et inactualités de la culture matérielle
A l’occasion de la parution de trois ouvrages importants regroupant diverses recherches collectives et solitaires sur la culture matérielle telle que l’entend l’archéologie (Une histoire des civilisations, Demoule, Garcia & Schnapp, La Découverte, 2018), l’histoire des techniques (Gestes techniques/techniques du geste, Bouillon et al, PUS 2017) ou le réseau de la revue Techniques&Culture (“Matérialiser les désirs”, Dittmar et al. 2018), nous reviendrons sur l’histoire continue et cumulative,… ou agitée et refoulée, des recherches et savoirs en culture matérielle.
11h00-17h30, La Vieille Charité, Marseille
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11 mars 2019
« Fait » maison
Lors de cette journée bipolarisée sur les savoirs constructifs et leur mise en récit, nous explorerons la question des savoirs situés, des matériaux, des gestes, des « actions de peu », confrontée aux enjeux mondialisés des crises écologiques et politiques. Comment l’ethnologue, l’architecte, l’artisan et le dessinateur peuvent-ils agir de concert et offrir de nouvelles matières à recherche-action.
11h00-17h30, La Vieille Charité, salle A, Marseille
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1er avril 2019
Gestes, paroles et dessins #2
Cette dernière journée sera la plus exploratoire de l’année par son mélange original d’écritures variées, participatives, dessinées, situées, vivables, toutes à la recherche de nouvelles médiations par l’entremise de dispositifs low tech et multimodaux. Nous tenterons de redescendre à certains éléments structurels de la communication et à tenter de recomposer ensemble de nouveaux instruments pour la recherche et l’action politique.
11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle de cinéma Le Miroir, Marseille
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Coordination scientifique : Frédéric Joulian (CNE/EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat (MUCEM), Denis Chevallier (MUCEM), Aude Fanlo (MUCEM)

L’architecture et la question animale, 12 novembre 2018

Première séance de l’année du séminaire  “Une autre façon de raconter… la geste technique”, où nous nous interrogerons sur la place spatiale et matérielle que nous faisons aux animaux dans l’espace domestique ou l’espace naturel et comment, sur notre planète aux limites de plus en plus visibles, nous pouvons cohabiter et faire cohabiter toutes les formes de vie qui l’occupent ? En mêlant architecture, éthologie, anthropologie et dessin, nous décalerons le regard anthropocentré et illustrerons de multiples façons comment « construire » bâtis et récits, avec les animaux.

11h00-17h30, EHESS, La Vieille Charité, salle A, Marseille
Coordination scientifique : Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM), Marie-Charlotte Calafat, Denis Chevallier, Aude Fanlo (MUCEM)

Au programme

11h00–11h15
Introduction
Frédéric Joulian (EHESS), Florence Sarano (ENSAM)

11h15-12h15
Zoocultures, Zoonatures : sur un malentendu généralisé
Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS)
Frédéric Joulian est anthropologue. Ses recherches portent sur les processus d’évolution et sur les significations des phénomènes techniques et culturels dans le temps long et sur les interactions hommes-animaux en Afrique et en Europe.

13h30–14h30
Un monde commun, l’autre animal de l’architecture
Dominique Rouillard (Paris I)
Dominique Rouillard est architecte dplg, docteur en histoire et théorie de l’art (EHESS), professeure HDR à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais où elle dirige le Laboratoire Infrastructure Architecture Territoire (LIAT). Ses recherches portent aujourd’hui sur la production des projets à l’ère de la métropole post-carbone et des espaces partagés de la biodiversité.

14h30–15h30
La place des animaux dans les monuments historiques
Florence Sarano (ENSAM)
Florence Sarano est architecte et maître assistante titulaire à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille où elle est co-directrice du domaine d’études « soutenabilité et hospitalité ».

15h30–16h30
Discussion générale

Photo : Transhumance devant le MuCEM. Cérémonie d’ouverture de Marseille Provence Capitale de la culture, juin 2013 – © Lisa George

Programme du séminaire : Observer, décrire, interpréter. Photographie, cinéma et sciences sociales (2018-2019)

Un séminaire du Centre Norbert Elias/EHESS Marseille, coordonné par Marco Barbon, Pierre-Léonce Jordan, Boris Pétric, Jeff Daniel Silva et Franco Zecchin. 

L’objectif de ce séminaire est d’approfondir la place de la photographie et du cinéma dans les enquêtes de terrain et dans l’élaboration de textes anthropologiques et sociologiques, en tant que formes narratives. Les photographies ainsi que les documents filmiques sont souvent, à tort, considérés comme une simple illustration des recherches scientifiques, sans prendre suffisamment en compte leur dimension intrinsèque d’outil de recherche et leur capacité à enrichir la narration socio-ethnographique. Pour ce faire, il faut transformer le regard du chercheur en capacité de vision, former l’œil à saisir les liens entre les choses, à les mettre en relation, selon l’ordre de sens de la réalité observée. La photographie et le cinéma constituent un outil irremplaçable de déconstruction du regard et d’identification des codes qui opèrent dans les diverses situations sociales.
A travers l’analyse de films et de travaux des photographes, ce séminaire se proposera cette année d’aborder plus particulièrement les thèmes : espaces / territoires/ frontières.
Au fil des séances, à travers l’analyse de films et de travaux de photographes, différentes formes d’enquête et de narration seront analysées. Les séances auront lieu dans la salle du cinéma Le Miroir (La Vieille Charité) et se dérouleront sur trois journées, en octobre et décembre.

Calendrier des séances

Mardi 30 octobre 2018

9h30-10h00
Séance introductive
10h00-11h30
Franco Zecchin : Explorer la relation entre appropriation de l’espace et pratiques sociales à travers la photographie
11h30-12h30
Marco Barbon :  The Interzone, un travail sur la ville de Tanger, autour de la notion de frontière, entre le réel et l’imaginaire, le document et la fiction.
14h00-17h00
Jeff Silva présentera son travail en cours au Mexique et des extraits du film documentaire Là ou la terre sur les transformations du territoire des quartiers nord de Marseille.

Mercredi 31 octobre 2018

9h30-12h30
Projection d’extraits du film de Vitaly Mansky Black Sea, sur le thème de la transformation de l’espace dans un lieu de vacances sur la Mer Noire.
14h00-17h00
Masterclass avec  Vanessa Winship. Pendant de long séjours dans les Balkans (Turquie, Géorgie et Mer Noire), Vanessa Winship s’intéresse aux concepts de frontière, territoire, histoire et mémoire. Entre portraits et paysages, son travail peut être lu comme une approche documentaire classique, avec une sensibilité et une complexité profondément contemporaines.
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Vendredi 7 décembre 2018

9h30-12h30
Projection des travaux photographiques autour de l’idée de traversée, de déplacement et de passage :
– Carlos Spottorno a parcouru les frontières extérieures de l’Union européenne durant trois ans. Avec l’écrivain Guillermo Abril, il a composé un roman graphique, fruit de ce long travail journalistique qui témoigne des crises humaines et des réactions des pays européens face aux flux migratoires contemporains.
– Mathieu Pernot a réalisée une série de photos sur des migrants afghans dormant dans les rues de Paris. Dans une recherche visuellement épurée, les individus sont à la fois présents et absents, réduits à l’état de simple forme.
– Giorgos Moutafis s’intéresse depuis cinq ans aux routes de l’immigration en Europe, de Lampedusa à la frontière turque
14h30-17h00
Masterclass “Cinéma documentaire et fiction” au MuCEM, dans le cadre du Festival Jean Rouch. Le réalisateur Mehdi Sahebi présentera son film documentaire Mirr. Les travaux des étudiants du Master Pro Métiers du film documentaire  d’Aix-Marseille Université seront également présentés.
Centre Norbert Elias/EHESS – La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002 Marseille

Programme du séminaire : les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales (2018-2019)

Un séminaire du Centre Norbert Elias/EHESS Marseille coordonné par Axelle Brodiez, Stéphane Durand, Céline Lesourd, Emmanuel Pedler, Boris Pétric, Jean-Christophe Sevin, Valeria Siniscalchi.

L’écriture constitue un enjeu épistémologique fondamental dans l’approche qualitative de la vie sociale. Les réflexions sur la construction du récit et de la narration, le statut accordé à la description, l’incarnation d’une analyse sociologique par des acteurs sont des questions déterminantes pour penser aussi bien des enjeux autour de l’objectivité et de la représentativité que l’éthique du chercheur construisant et justifiant ses données empiriques. Ce séminaire sera l’occasion de revenir sur la diversité des stratégies narratives en histoire, en sociologie et en anthropologie tout en interrogeant les renouvellements actuels des écritures.

Programme

29 novembre 2018
Avec George Marcus (University of California, Irvine)
The Sustained Effects of the “Writing Culture” Moment on Ethnography Produced In the Digital Age
14h00-16h00, Salle A
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1er février 2019
Avec Frédérique Aït-Touati (Gaïa Global Circus)
10h00-12h00, Salle A
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21 mars 2019
Avec Sylvain Venayre (L’histoire dessinée de la France)
14h00-16h00, Salle A
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25 avril 2019
Avec Shahram Khosravi (Traveller)
14h00-16h00, Salle A

16 mai 2019
Avec Sylvain Pattieu
14h00-16h00, Salle A

20 juin 2019
Avec Sophie Houdart
Écrire au pluriel. De quelques expérimentations concernant le difficile rendu d’une enquête menée non loin de la centrale de Fukushima Dai-ichi, Japon
14h00-16h00, Salle A

 

Centre Norbert Elias – EHESS Marseille
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002  Marseille

Plus d’informations : https://enseignements-2018.ehess.fr/2018/ue/1578

Image  : Inside de Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati –  © Dorothea Tuch

Une autre façon de raconter IV… en bande dessinée, 14-15 juin 2018

Un séminaire coordonné par Frédéric Joulian (Centre Norbert Elias/EHESS) et Marie-Charlotte Calafat (Mucem).

Ces deux journées prolongent la réflexion entamée depuis 2013 sur la place du dessin et de la photo dans l’édition scientifique. Reprenant le titre du livre inspirant de John Berger et Jean Mohr « Une autre façon de raconter » (Maspéro, 1981) nous interrogeons et mettons en pratique différentes formes d’éditorialisations associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de la chaîne du travail scientifique. A l’occasion de cette quatrième rencontre nous nous essayons à différents exercices de style et à différentes façons d’objectiver le terrain avec pour objectif d’être accessible à un public étendu. Nous faisons ici le pari tout à la fois simple et compliqué que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils peuvent également expérimenter les nouvelles formes d’expressions dans lesquelles nous vivons imagées et numériques. Par-delà la question de l’imagination artistique ou scientifique, nous tenterons d’interroger la nature des matériaux (cursifs et discursifs) et les formes et objectivations les plus adéquates pour leur rendre justice, mais également, de concert avec les designers, photographes, les graphistes et les spécialistes du roman graphique et de la bande dessinée, d’explorer les différentes formes de créations et façons d’écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences en fiction, documentaire, science ou art). Les objectifs de ce séminaire visent autant à délinéer certains mécanismes d’intellection du social par la graphie que d’arti culer cette dernière à l’écriture textuelle courante, et donc à imaginer – de façon pratique – de nouvelles compositions et intermédialités plus riches pour les sciences humaines et leurs usagers. Nous poserons les questions concrètes de comment travailler et fabriquer ensemble ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l’enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats.

14 juin 2018

Modération : Marie-Charlotte Calafat (MUCEM)

9h30 — 9h45
Ouverture du Workshop
Denis Chevallier (MUCEM)

9h45 — 10h45
Bande-dessinée et sciences humaines, une autre façon de composer
Frédéric Joulian (CNE, EHESS)

10h45 — 11h45
Dessiner de mémoire les « Amis » qui dansent
Patrick Pérez (Ec Nat Sup d’Archi et LISST, Toulouse)

11h45 — 12h45
Luca Merlini : scénarios d’architecture. Quand les dessins et les mots se complètent
Florence Sarano (Architecte, Ec. Nat. Sup. Archi. Marseille)

14h00 — 15h00
Matériographies anthropologiques : matières, techniques, sensibilités
Annabel Vallard (Anthropologue, CASE, Paris)
15h00 — 16h00
La bande dessinée à l’épreuve du terrain impliqué : connivences amazoniennes
Laure Garancher (Expert santé, scénariste, dessinatrice, OMS, the InkLink)
16h00-17h00

Nouvelles de la narratosphère

Thierry Smolderen (Ec. Europ. Sup. Image), Jean-Philippe Bramanti
(dessinateur BD)
17h00 — 17h30
Discussion générale
Et présentation de l’ouvrage 7 Routes Mythiques chez Armand-Colin (direction Alain Musset) par
Eric Wittersheim (anthropologue à EHESS)

15 juin 2018

Modération : Frédéric Joulian, Marie-Charlotte Calafat

9h30 — 10h30
Le Roman-Photo écrit ou exposé : « making of » et retours d’expériences
Marie-Charlotte Calafat (adj. dept. des collections, MUCEM) Amélie Laval (Photo-romancière)

10h30 — 11h30
Aurélia au pays des « Lapiens » : de l’autobiographie à « l’observation dessinante »
Aurélia Aurita (Scénariste et dessinatrice BD)

11h30 — 12h30
Représentations visuelles et narratives de l’Histoire en bande dessinée : une mise en fiction du réel
Jean Dytar (Dessinateur BD)

13h30 — 14h30
La chaîne opératoire illustrée : l’exemple de la maquette de la Monaque à Salon de Provence
Justine Faure (Architecte)

14h30 — 15h30
La création à l’œuvre. Expérimentation éditoriale sur une exposition de design graphique
Francesca Cozzolino (Anthropologue, EnsadLab)

16h30 — 17h30
Comment mettre ensemble : texte, photo, dessins… sciences et fictions ?
Morgane Aubert (Designer), Simon Roussin (Scénariste et dessinateur BD)

17h30 — 18h00
Discussion générale
Avec Boris Pétric (Anthropologue, directeur du CNE)


Salles de réunion et de conférences de l’I2MP
Entrée libre sur inscription à i2mp@mucem.org

Télécharger le programme complet (pdf)

Les enjeux épistémologiques de l’écriture en sciences sociales (2017-2018)

Un séminaire du Centre Norbert Elias coordonné par Isabelle Brianso, Stéphane Durand, Céline Lesourd, Emmanuel Pedler, Boris Pétric, Jean-Christophe Sevin, Valeria Siniscalchi

L’écriture constitue un enjeu épistémologique fondamental dans l’approche qualitative de la vie sociale. Les réflexions sur la construction du récit et de la narration, le statut accordé à la description, l’incarnation d’une analyse sociologique par des acteurs sont des questions déterminantes pour penser aussi bien des enjeux autour de l’objectivité et de la représentativité que l’éthique du chercheur construisant et justifiant ses données empiriques. Ce séminaire sera l’occasion de revenir sur la diversité des stratégies narratives en histoire, en sociologie et en anthropologie tout en interrogeant les renouvellements actuels des écritures.

Calendrier des séances

20 novembre 2017
Stéphanie Fonvielle et Jean-Paul Fourmentraux  Réflexions croisées sur les processus textuels et les écritures numériques

Stéphanie Fonvielle (Aix-Marseille Université, Centre Norbert Elias) : Traces et repentirs d’écriture
La linguistique de l’écrit et la génétique des textes envisagent l’écriture comme un acte et un processus de création, et déplacent l’analyse des écrits « de la structure vers les processus, de l’œuvre vers sa genèse » (Pierre-Marc de Biasi, 2011). Plus particulièrement, la génétique des textes analyse les modifications successives d’un écrit à partir de ses variantes (brouillons, manuscrits, épreuves, bon à tirer, rééditions, etc.). Toute trace de reprise du texte est donc rapportée à une gestuelle ou une pratique d’écriture ; le scripteur efface, substitue, déplace ou ajoute des segments de longueur variable. A travers des fragments d’écritures littéraires (Proust, Dard) et ordinaires (correspondances de Poilus peu lettrés), nous verrons dans quelle mesure ces traces, parfois repentirs, aident à restituer la temporalité de l’écriture et invitent à interpréter les bifurcations du texte comme des nœuds de tension, des effets de normes ou d’(auto-)censure.

Jean-Paul Fourmentraux (Aix-Marseille Université / Centre Norbert Elias) : Art et Science. Écritures et valeurs de l’interdisciplinarité
Cette présentation portera sur la manière dont la création artistique et la recherche technologique, qui constituaient autrefois des domaines nettement séparés et quasiment imperméables, sont aujourd’hui à ce point intriqués que toute innovation au sein de l’un intéresse (et infléchit) le développement de l’autre. Dans les nouveaux laboratoires de la création artistique et informatique – Ircam, Hexagram, Lip6, Cnam, Orange Labs – des œuvres hybrides rendent irréversible le morcellement des anciennes frontières opposant art et science. Car en articulant des contributions interdisciplinaires, l’art numérique instaure en effet un morcellement de l’activité créatrice et des modes pluriels de désignation de ce qui fait œuvre. Les logiques de conception et la régulation du travail qui en découlent étant désormais orientées vers une pluralité d’enjeux : exposition (artistique), invention (technologique) et connaissance (académique). L’examen de ces évolutions en France et au Canada révèle de nouvelles manières de faire œuvre commune et soulève plusieurs questions : l’art peut-il faire l’objet d’une recherche ? L’écriture informatique peut-elle, elle-même, recouvrir une dimension théorique et devenir un enjeu de création ? L’interdisciplinarité mise en jeu s’accompagne-t-elle d’une transformation des modes d’attribution et de valorisation des œuvres partagées entre art et science ?

8 février 2018
David Redmon (University of Kent)

19 mars 2018

5 avril 2018

Centre Norbert Elias – EHESS Marseille
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002  Marseille

Plus d’informations : https://enseignements-2017.ehess.fr/2017/ue/1578

 

Observer, décrire, interpréter. Photographie, cinéma et sciences sociales (2017-2018)

Un séminaire de l’EHESS Marseille, coordonné par Marco Barbon, Pierre-Léonce Jordan, Boris Petric, Jeff Daniel Silva et Franco Zecchin.

L’objectif de ce séminaire est d’approfondir la place de la photographie et du cinéma dans les enquêtes de terrain et dans l’élaboration de textes anthropologiques et sociologiques, en tant que formes narratives. Les photographies ainsi que les documents filmiques sont souvent, à tort, considérés comme une simple illustration des recherches scientifiques, sans prendre suffisamment en compte leur dimension intrinsèque d’outil de recherche et leur capacité à enrichir la narration socio-ethnographique. Pour ce faire, il faut transformer le regard du chercheur en capacité de vision, former l’œil à saisir les liens entre les choses, à les mettre en relation, selon l’ordre de sens de la réalité observée. La photographie et le cinéma constituent un outil irremplaçable de déconstruction du regard et d’identification des codes qui opèrent dans les diverses situations sociales. A travers l’analyse de films et de travaux des photographes, ce séminaire se proposera cette année d’aborder plus particulièrement le rapport de l’homme avec son milieu.

Au fil des séances, différentes formes d’enquête et de narration seront analysées. Après une séance introductive le mardi 7 novembre, les séances suivantes auront une cadence hebdomadaire chaque jeudi et seront l’occasion pour explorer les interactions du cinéma et de la photographie avec la recherche en sciences sociales. Nous débattrons de plusieurs façons d’approcher le terrain de recherche, en montrant le travail d’auteurs cinéastes et photographes invités mais aussi des exemples extraits de l’histoire de l’anthropologie visuelle. Nous aborderons les différents thèmes : les méthodes d’observation, réflexivité et pratiques d’engagement, sensorialité et expérience inclusive, archives et mémoire, les rapports entre art et artifice, vérité et fiction documentaire.

Calendrier 2017 – 2018

7 novembre 2017  – 14h00-17h00
Séance introductive

16 novembre 2017 – 14h00-17h00
L’avènement de l’imagerie numérique en sciences sociales
Pierre-Léonce Jordan

23 novembre 2017 – 16h00-19h00
Engagement et réflexivité
Yohanne Lamoulère – Les quartiers nord de Marseille

jeudi 7 décembre 2017 – 14h00-17h00
Esthétique et critique sociale
Franco Zecchin – Une enquête sur la Mafia en Sicile

14 décembre 2017 – 14h00-17h00
Fiction / Documentaire
Effi & Amir – The same river twice

11 janvier 2018 – 14h00-17h00
Archive et mémoire
Anouk Durand – Amitié éternelle

18 janvier 2018 – 14h00-17h00
Fiction / Documentaire
Ymane Fakhir – L’héritage

25 janvier 2018 – 14h00-17h00
Sensorialité et immersion
Jeff Daniel Silva – Sensory Ethnography Lab (SEL)

Centre Norbert Elias – EHESS Marseille – Salle A, 2e étage
La Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002  Marseille

Une autre façon de raconter III, mars-avril 2017

Un séminaire de l’EHESS coordonné par Frédéric Joulian et Pierre-Olivier Dittmar, en partenariat avec le Mucem.

Le chercheur capture des fragments de réel qu’il cadre, trie, organise en fonction d’idées et d’hypothèses. C’est cette aventure que raconte un récit scientifique. Comment trouver des formes d’écritures, des façons de raconter susceptibles de renouveler les formes de ce récit pour les partager avec le grand public ? C’est parier que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu’ils doivent également maîtriser les nouvelles formes d’expressions dans lesquelles nous vivons. C’est explorer différentes écritures, qu’elles soient muséales, fictionnelles, littéraires, cinématographiques, dessinées, théâtrales ou numériques qui échappent pour une grande part aux sciences humaines.


Jeudi 23 mars 2017

9h30 — 18h00
Objets de recherches, objets d’écritures
Les chercheurs en sciences humaines écrivent le plus souvent les résultats de leurs enquêtes de terrains (qu’elles soient historiennes, ethnologiques, sociologiques ou autres) avec des mots et des figurations, celles de leurs interlocuteurs ou les leurs, qu’ils mettent en scène dans des dispositifs des plus variés – parfois mêmes fictionnels – pour donner à voir, à éprouver ou à comprendre leurs découvertes.

Vendredi 24 mars 2017

9h30 — 18h00
Nouveaux supports, nouveaux dispositifs : du neuf avec de l’ancien ?

Lors de cette journée, des professionnels de l’expression dessinée (archéologues, architectes, dessinateurs de bande-dessinée, illustrateurs) dialogueront avec des spécialistes de l’édition et tenteront d’imaginer les possibilités conjointes et cumulées des formes et narrations graphiques électroniques et imprimées pour raconter autrement les résultats quantitatifs et qualitatifs des sciences humaines.


Jeudi 20 avril 2017

9h30 — 18h00
Décrire ou écrire avec le dessin
Comment décrire de façon plus juste et plus dense les communautés humaines, les formes sociales ? L’intelligence graphique, ou plus précisément, l’intelligence des graphistes et des raconteurs d’histoires, se frottera aux terrains de l’ethnologue, du spécialiste du paysage ou de l’architecture avec pour ambition de faire converger des formes de connaissances (analytique, expérimentale ou artistique) qui la plupart du temps se repoussent et s’excluent.

Vendredi 21 avril 2017

9h30 — 18h00
Dessine-moi une science : la recherche, la fiction et ses publics
Pourquoi croyons-nous aux histoires ? Pourquoi les sciences humaines devraient-elles se départir d’histoires ? Lors de cette quatrième journée nous explorerons les rapports entre le texte et l’image dans les livres mais aussi sur les cimaises des musées ou dans les jeux animés ou les projets finalisés et questionnerons les différents lectorats et réceptions publiques de ces productions composites (textes, images, sons, vidéos).

Télécharger le programme complet (pdf)

Salles de réunion et de conférences de l’I2MP
Entrée libre sur inscription à i2mp@mucem.org

Illustration : Visite de l’exposition Vies d’ordures au MuCEM – © Frédéric Joulian

Observer, décrire, interpréter. Les usages de la photographie en sciences sociales (2016-2017)

Un séminaire de l’EHESS Marseille, coordonné par Marco Barbon, Boris Pétric et Franco Zecchin.

Ce séminaire, et son pendant pratique l’atelier “Photographie”, lient l’expérience de la photographie à l’analyse théorique afin de permettre une réflexion sur les usages de la photographie en sciences sociales. Il s’agit d’approfondir la place de la photographie dans les enquêtes de terrain et dans l’élaboration des textes anthropologiques et sociologiques, en tant que forme de narration. La photographie est souvent considérée comme une illustration des recherches scientifiques, sans prendre en considération sa dimension d’outil de recherche. Cependant, par l’intermédiaire de sa fonction indiciaire, la photographie devient une technique de la « description dense », elle permet d’enrichir la narration ethnographique. Pour ce faire, il faut transformer le regard de l’ethnographe en capacité de vision, former l’œil à saisir les liens entre les choses, à les mettre en relation, selon l’ordre de sens de la réalité observée. La photographie occupe une place privilégiée dans l’alphabétisation visuelle et elle constitue un outil irremplaçable de déconstruction du regard et d’identification des codes qui opèrent dans les diverses situations sociales. À travers l’analyse de travaux des photographes, le séminaire se propose d’aborder plus particulièrement le rapport au territoire et à l’exploitation de ressources : des conditions de vie et de travail autour de l’étang de Berre aux conflits sociaux et aux impacts de la pollution sur la santé publique, des modalité d’occupation et d’utilisation du territoire par des populations nomades aux détails urbains d’Asmara comme moyen d’analyse des stratification historiques de la ville et de ses habitants. Au fil des séances, différentes formes d’enquête et de narration seront analysées.

Programme

2 décembre 2016
Franco Zecchin – Séance introductive : l’utilisation de la photographie en sciences sociales

6 janvier 2017
Marco Barbon – La photographie entre outil documentaire et support de fiction : petit voyage à travers l’histoire du médium
Avec une présentation et analyse d’Asmara Dream (2006-2008), Les Pas perdus (2011) et El Bahr (2011-2014).

3 février 2017
Jacques Windenberger – Une étude du front industriel
Avec une présentation d’extraits du film documentaire Tumeurs et silences sur la pollution dans le territoire de l’étang de Berre.

10 mars 2017
Frank Pourcel – La photographie au service de la narration anthropologique
Une enquête sur les expériences de vie en milieu « néorural » dans le pays de Forcalquier.

7 avril 2017
Yves Jeanmougin – Photographie et mémoire historique
Mémoire du camp des Milles 1939-1942 : un lieu d’internement, de transit et de déportation.

5 mai 2017
Franco Zecchin – Le nomadisme et le rapport aux ressources naturelles
Une approche anthropologique dans l’enquête photographique

2 juin 2017
Philippe Chancel – Datazone : territoires surexposés ou inconnus
L’évolution du statut des images dans le monde contemporain.